Le brut dégringole, le marché s'inquiète d'une érosion de la demande
Vers 16H00 GMT (18H00 HEC), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mai s'échangeait à 120,89 dollars sur l'InterContinental Exchange de Londres, chutant de 3,09 dollars par rapport à la clôture de lundi.
Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" (WTI) pour la même échéance s'effondrait de 3,89 dollars à 106,03 dollars.
"Les investisseurs sont finalement passés des inquiétudes sur l'approvisionnement du marché aux craintes sur les dommages potentiels pour la demande mondiale" infligés par l'envolée des cours du baril, a expliqué Andrey Kryuchenkov, analyste du courtier VTB.
Les opérateurs redoutent que ce niveau élevé des cours puisse mettre en danger une reprise économique encore hésitante dans les pays développés, et ne finisse par affecter leur consommation énergétique - perspective brandie mardi par l'Agence internationale de l'Energie (AIE).
"Il y a un vrai risque qu'un pétrole se maintenant à plus de 100 dollar le baril ne soit pas compatible avec le rythme de la reprise économique", a averti l'AIE dans son rapport mensuel, faisant état d'un fléchissement de la demande mondiale depuis quelques mois.
Selon M. Kryuchenkov, un recul du dollar a également alimenté le plongeon des prix du pétrole, qui ont dans l'ensemble pâti d'une vague de bénéfices, les investisseurs préférant s'assurer quelques gains après les sommets enregistrés la semaine dernière.
Ainsi, après s'être hissé lundi à leurs plus haut niveaux depuis l'été 2008 (113,46 dollars pour le WTI, 127,02 dollars pour le Brent), les prix du pétrole ont lâché 7 dollars à Londres comme à New York sur les deux premières séances de la semaine.
La banque américaine Goldman Sachs avait donné le ton dès lundi, en recommandant dans une note de prendre quelques bénéfices, et décidant elle-même de clôturer ses positions à l'achat sur un panier de matières premières, dont le brut.
"Goldman Sachs voit le risque de destruction de la demande éclipser ce qui reste de la prime de risque (dans les cours du pétrole) générée par les tensions géopolitiques", souligne Olivier Jakob, du cabinet suisse Petromatrix, ajoutant que le "volume d'échanges n'avait pas été très soutenu" ces dernières semaines, signe de la prudence des opérateurs.
En revanche, "malgré son avertissement sur un ralentissement de la consommation, l'AIE n'a pas révisé ses prévisions de demande (pour 2011), et combiné avec une estimation assez basse sur la production saoudienne donne un ton moins négatif au rapport (de l'institution)", a ajouté M. Jakob.
La production mondiale de pétrole a chuté de 700'000 barils par jour en mars à 88,3 mbj, en raison de la baisse de production en Libye, qui "a pour le moment suscité peu de réponses de la part des autres membres de l'Opep (Organisation des pays exportateurs de pétrole)", a constaté l'AIE.
De son côté, l'Opep a relevé mardi sa prévision de demande de brut en 2011, convaincue que les conséquences du séisme au Japon et la guerre en Libye ne vont pas bousculer le marché.
rp
(AWP/12 avril 2011 18h30)