Le brut mitigé, dans un marché nerveux toujours attentif au Moyen-Orient
Vers 11H00 GMT (12H00 HEC), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mai s'échangeait à 115,61 dollars sur l'InterContinental Exchange (ICE) de Londres, en baisse de 11 cents par rapport à la clôture de jeudi.
Dans les échanges électroniques du New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" (WTI) pour la même échéance, grimpait de 11 cents à 105,71 dollars.
"Le marché reste stable, en dépit de la contestation qui règne au Yémen, en Algérie et en Syrie, et alors qu'il y a peu de signes d'un départ du colonel Kadhafi du pouvoir en Libye après plusieurs jours de frappes aériennes" par la coalition internationale, observait David Hart, analyste de Westhouse Securities.
De plus, si les tensions géopolitiques dans le monde arabe, qui laissent redouter une perturbation prolongée de l'offre de brut, maintiennent les cours du baril à un niveau élevé, "le regain d'inquiétudes sur les dettes souveraines européennes encouragent une pression à la baisse" sur le marché, expliquait M. Hart.
Le Premier ministre portugais José Socrates a démissionné mercredi, faute d'avoir obtenu du Parlement un soutien à un nouveau plan d'austérité, au risque de précipiter un recours du pays à une aide internationale pour redresser ses finances publiques.
Autre facteur de morosité pour le marché: un recul inattendu des commandes de biens durables aux Etats-Unis en février, un chiffre de nature à raviver les doutes des investisseurs sur la solidité de la reprise américaine, avant une troisième estimation vendredi du PIB américain pour le 4e trimestre 2010.
Pour les analystes du cabinet JBC Energy, cependant, "les pertes de la production pétrolière libyenne et la situation géopolitique en général dans la région devraient être largement suffisantes pour compenser les craintes sur la crise des dettes européennes".
Le chef d'état-major français l'amiral Edouard Guillaud a estimé vendredi que l'opération de la coalition internationale dans le ciel libyen allait se prolonger pendant des "semaines".
Alors que la production pétrolière libyenne est déjà quasiment arrêtée en raison des combats, l'Union européenne (UE) s'est dite prête jeudi soir à bloquer tous les revenus pétroliers et gaziers du régime de Mouammar Kadhafi.
Ainsi, "l'Europe va devoir se passer pendant une période prolongée de la plus grosse partie du 1,1 million de baril par jour qu'elle importait de Libye l'an dernier: cela exacerbe considérablement les tensions sur le marché du brut, d'autant que les exportations de brut de Russie (principal producteur mondial, ndlr) vers l'Europe se réduisent au profit de l'Asie", a averti JBC Energy.
Les opérateurs continuaient par ailleurs de surveiller les mouvements de protestation au Yémen, où des centaines de milliers de manifestants se sont mobilisés vendredi, tandis qu'en Syrie, à son tour touchée par la vague de contestation, la répression a fait au moins 100 morts mercredi.
rp
(AWP/25 mars 2011 12h30)