Hésitant, le marché surveille le Moyen-Orient
Vers 17H00 GMT (18H00 HEC), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mai s'échangeait à 115,61 dollars sur l'InterContinental Exchange (ICE) de Londres, en hausse de 6 cent par rapport à la clôture de mercredi.
Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" (WTI) pour la même échéance, grimpait de 12 cents à 105,87 dollars.
Les opérateurs faisaient montre de prudence, après des indicateurs américains divergents: ainsi, les commandes de biens durables aux Etats-Unis ont reculé de manière inattendue en février, alors que les demandes hebdomadaires d'allocations chômage ont de nouveau diminué.
Mais "l'agitation à travers le Moyen-Orient, sur fond de demande mondiale exceptionnellement forte, continue de soutenir les prix du pétrole", relevaient les analystes de Barclays Capital.
En Libye, la coalition internationale poursuivait ses frappes aériennes jeudi, au sixième jour de son intervention, après plusieurs raids à Tripoli, affirmant avoir neutralisé l'aviation des forces du colonel Kadhafi.
"Il devient de plus en plus évident que cela prendra très longtemps, probablement de longs mois, avant que le pétrole libyen commence à revenir sur le marché", rappelait Filip Petersson, de la banque SEB.
Avant les troubles, la Libye produisait environ 1,6 million de barils de pétrole par jour (mbj), dont elle exportait 1,3 mbj, en grande partie vers l'Europe. Les exportations du pays sont actuellement quasi interrompues.
Dans le même temps, "le soutien qu'apportent au marché les crises en Afrique du nord et au Moyen-Orient ne devrait pas se démentir: la situation en Syrie et au Yémen, en particulier, ne cesse de se détériorer", ajoutait M. Petersson.
Le Parlement yéménite a approuvé mercredi l'instauration de l'état d'urgence, un vote rejeté par l'opposition qui demande le départ immédiat du président Ali Abdallah Saleh.
En Syrie, la répression d'importantes manifestations contre le régime a fait au moins 100 morts mercredi, selon des militants des droits de l'Homme.
Dans un contexte de contestation dans plusieurs pays de la péninsule arabique (Yémen, Bahreïn), "la détérioration des relations entre l'Arabie saoudite et les Etats-Unis rebat les cartes, car remédier à des prix pétroliers élevés susceptibles de pénaliser la croissance américaine ne sera plus nécessairement une priorité pour le royaume saoudien", notait Barclays Capital.
Mais, tempère M. Petersson, "d'autres forces puissantes agissent sur le marché" et peuvent peser sur les prix, "comme la poursuite de la crise nucléaire au Japon et la montée des préoccupations sur la crise des dettes souveraines dans l'Union européenne".
Ces inquiétudes sur la solidité financière de Etats les plus endettés de la zone euro étaient ravivées par la grave crise politique que traverse le Portugal, où la démission mercredi du Premier ministre José Socrates risque de précipiter un recours du pays à une aide internationale.
ds
(AWP/24 mars 2011 18h35)