le brut finit en baisse à New York, le marché voit noir
(reprise de la veille)
New York - Les cours du pétrole ont fini en baisse à New York lundi, dans un marché qui cherchait à connaître les intentions de l'Europe pour mettre un terme à la crise de la dette, le risque d'une sortie de la Grèce de la zone euro ayant été repoussé par la victoire de la droite à Athènes.
Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en juillet a reculé de 76 cents par rapport à vendredi, à 83,27 dollars, sur le New York Mercantile Exchange (Nymex).
Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en août, échangé sur l'IntercontinentalExchange (ICE) de Londres, a terminé à 96,05 dollars, en baisse de 1,56 dollar par rapport à la clôture de vendredi.
En dépit "du gros soulagement de voir que la Grèce ne va pas quitter l'euro", le marché pétrolier "est déprimé par l'Espagne", a résumé Andy Lipow, de Lipow Oil Associates.
Illustration de la pression des marchés, les taux d'emprunt à 10 ans de l'Espagne ont dépassé les 7% lundi, au plus haut depuis la création de la zone euro. Un tel niveau est considéré comme ingérable sur la durée.
Les investisseurs craignent que la situation espagnole nécessite un plan de sauvetage bien plus conséquent que ce qui a été mis sur pied pour le renflouement des banques. "On attend de voir ce que la zone euro va faire pour s'attaquer à l'ensemble" de la crise de la dette, a souligné M. Lipow.
"L'optimisme entourant les élections en Grèce est déjà retombé et les prix ont déjà abandonné tous leurs gains antérieurs", a ajouté Barclays Capital, pointant "les inquiétudes qui restent élevées pour l'Espagne et l'Italie".
Les cours du baril avaient en effet gagné un peu de terrain dans un premier temps, les investisseurs exprimant un certain soulagement après l'annonce des résultats des élections législatives grecques, qui semblaient écarter le spectre d'une faillite imminente du pays et de sa sortie de la zone euro.
En battant une gauche radicale opposée au programme d'austérité, la droite conservatrice grecque semble en effet en mesure de constituer un gouvernement de coalition pro-euro avec les socialistes du Pasok, ce qui lui permettrait de poursuivre les réformes nécessaires au maintien de l'aide internationale.
La tendance s'est ensuite rapidement inversée, et les prix de l'or noir ont finalement battu en retraite.
"On avait intégré beaucoup d'optimisme dans les cours" à propos de mesures d'assouplissements monétaires de la part de la Banque centrale européenne (BCE) attendues dimanche soir en cas de victoire du camp anti-austérité, mais "on n'a entendu parler d'aucune sorte de plan d'aide", a constaté John Kilduff d'Again Capital.
De plus, la victoire de la droite signe la mise en oeuvre de mesures d'économies sévères, ce qui va se traduire par "une plus forte baisse de la consommation en Europe", a relevé Andy Lipow, rappelant que la demande en or noir dans le Vieux continent est actuellement 3% inférieure à ce qu'elle était il y a un an.
Dans ce contexte, les opérateurs surveillaient les travaux des chefs d'Etat des pays du G20 au Mexique. Sans grandes attentes: "on devrait s'approcher rapidement du seuil des 78 dollars le baril", a avancé M. Kilduff.
D'autant que l'actualité économique aux Etats-Unis ne permet toujours pas d'offrir du soutien au marché.
Les opérateurs américains n'ont même pas été portés par la forte progression de l'indice mesurant le moral des constructeurs de maisons individuelles qui s'est établi en juin à son niveau le plus élevé depuis le printemps 2007, soit avant l'explosion de la crise des crédits immobiliers à risque.
Pour Andy Lipow, le marché pétrolier reste inquiet pour la demande américaine, d'autant que "semaine après semaine on voit des données opposées sur l'immobilier", baromètre de la consommation aux Etats-Unis.
En conclusion, a-t-il dit, "il faut prendre une position attentiste ici aux Etats-Unis et voir ce que les Européens vont décider".
rp
(AWP / 19.06.2012 06h21)