Le brut au plus bas depuis octobre à New York, plombé par l'Europe
(reprise de la veille)
New York - Les cours du pétrole ont fini lundi à New York à leur plus bas niveau en 8 mois, dans un marché frileux et sceptique quant à la capacité du plan d'aide européen à l'Espagne de redresser la situation financière du pays, ce qui accentuait les craintes pour la demande en brut.
Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en juillet a cédé 1,40 dollar par rapport à vendredi, à 82,70 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), son plus bas niveau à la clôture depuis début octobre dernier.
A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juillet a fini à 98,00 dollars sur l'IntercontinentalExchange (ICE) de Londres, en baisse de 1,47 dollar par rapport à la clôture de vendredi. Il s'agit de son niveau le plus bas depuis la fin janvier 2011.
Les cours du brut avaient initialement ouvert en hausse, dans le sillage des places boursières, le marché saluant l'annonce ce week-end d'un plan d'aide européen d'un maximum de 100 milliards d'euros pour aider Madrid à renflouer son système bancaire exsangue, asphyxié par son exposition au secteur immobilier.
Mais le scepticisme croissant des investisseurs face au flou entourant les modalités d'application de ce plan a favorisé le retour de l'aversion au risque sur les marchés.
"Nous avons assisté à un mouvement général de baisse des actifs jugés plus risqués (comme le pétrole), plus une hausse du dollar", qui a accentué la pression sur les cours du pétrole, a commenté David Bouckhout, de TD Securities.
En effet, le renforcement du billet vert rend moins attractifs les achats de brut libellés en dollar pour les investisseurs munis d'autres devises.
L'optimisme de la matinée a ainsi laissé place à un retour des inquiétudes des courtiers pour la demande en or noir en zone euro, à quelques jours des élections législatives en Grèce, cruciales pour le maintien du pays dans la zone euro.
"On ne sait pas ce qu'il va finalement se passer en Europe et cela inquiète. On a un peu l'impression que lorsqu'on applique un pansement sur une zone, une autre blessure apparaît ailleurs", a renchéri M. Bouckhout, en référence aux nouvelles craintes des investisseurs au sujet de l'Italie.
En effet, la troisième économie de la zone euro, qui affiche une dette colossale de plus de 1900 milliards d'euros (120,1% du PIB fin 2011), a vu repasser lundi ses taux à dix ans au-dessus de la barre symbolique des 6%.
Le marché du pétrole avait en revanche été soutenu dans la matinée par les chiffres solides des importations chinoises pour mai, publiés dimanche. Le deuxième pays consommateur de brut a importé environ 6 millions de barils par jour en mai, un chiffre record, en hausse de 18% par rapport au mois de mai 2011.
"C'est une nouvelle très positive", a commenté Matt Smith, de Summit Energy (Schneider Electric).
Par ailleurs, "la pression sur les cours du pétrole s'est renforcée après des déclarations du ministre saoudien du Pétrole Ali al-Nouaïmi" au journal Gulf Oil Review indiquant que l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) nécessite un plafond de production plus élevé, a noté David Morrison, analyste du courtier GFT Markets.
Les ministres des 12 pays de l'Opep se réunissent jeudi à Vienne, pour discuter du maintien de leur plafond de production, fixé depuis décembre à 30 millions de barils par jour pour l'ensemble du cartel.
rp
(AWP / 12.06.2012 06h21)