Le brut creuse ses pertes, regain d'inquiétude sur la demande mondiale
Vers 16H00 GMT (18H00 HEC), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en août s'échangeait à 116,94 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, se repliant de 1,39 dollar par rapport à la clôture de vendredi.
Sur le New York Mercantile Exchange, le baril de "light sweet crude" (WTI) pour la même échéance lâchait 1,53 dollar à 94,67 dollars.
"Il y a beaucoup trop d'incertitudes sur les marchés et une forte prudence des opérateurs", commentait Myrto Sokou, analyste du courtier Sucden.
"Les chiffres décevants sur l'emploi aux Etats-Unis ont fourni des signaux négatifs sur l'économie américaine, et la peur d'une contagion de la crise des dettes souveraine à travers la zone euro continue de dominer les marchés", résumait-elle.
Le rapport mensuel sur l'emploi américain, publié vendredi, a fait état d'une stagnation des créations d'emplois et d'une remontée contre toute attente du taux de chômage aux Etats-Unis en juin.
Ce rapport "a été un choc pour la plupart des opérateurs (...) et a renforcé les craintes d'un possible retour en récession" du premier pays consommateur de brut de la planète, expliquaient les analystes du cabinet viennois JBC Energy.
Les cours pâtissaient de surcroît du sensible renchérissement du dollar face à un euro sous pression, tombé brièvement lundi sous le seuil de 1,40 dollar pour la première fois depuis sept semaines.
Alors que les ministres des Finances de la zone euro se réunissaient lundi à Bruxelles pour tenter de mettre sur pied un deuxième plan d'aide à la Grèce, les inquiétudes sur une possible contagion de la crise à l'Italie s'intensifaient, avec une envolée à des niveaux inédits des rendements obligataires du pays.
L'appréciation du billet vert face à l'euro rend moins attractifs les achats de pétrole, libellés dans la monnaie américaine, pour les investisseurs munis d'autres devises.
Enfin, un ralentissement de la demande chinoise alimentait la nervosité des investisseurs.
Les importations de pétrole brut du géant asiatique, deuxième consommateur mondial, ont baissé d'environ 6% en juin par rapport au mois précédent, tombant à leur plus bas niveau depuis octobre, rapportait JBC Energy, se basant sur des statistiques officielles publiées dimanche.
"L'ensemble des importations chinoises a progressé en juin de 19,3% sur un an, la plus faible progression mensuelle depuis 20 mois, ce qui pourrait indiquer un essoufflement de la croissance économique" du géant asiatique, ajoutait Tamas Varga, analyste du courtier PVM.
L'accélération de l'inflation chinoise à 6,4% en juin, son plus haut niveau en trois ans selon un indicateur publié samedi, avivait également les préoccupations des opérateurs, qui redoutent de nouvelles mesures de resserrement monétaire propre à ralentir encore davantage la croissance du pays.
Le retournement des cours du baril après deux semaines de forte hausse montre que "si les perspectives de croissance (chez les principaux pays consommateurs) sont mises en doute, alors l'humeur des investisseurs bascule rapidement et on les voit déserter les marchés pétroliers", relevait Tamas Varga.
sm
(AWP / 11.07.2011 18h31)