USA: les bénéfices de la chute des prix du pétrole se font attendre
Au bout du compte l'effet sera positif, promet Angel Ubide, économiste au Peterson Institute for International Economics (PIIE). Mais pour l'instant, l'aspect négatif prime parce qu'il intervient plus vite et plus fort. C'est une question de temps, assure cet expert à l'AFP.
Depuis l'été 2014, le prix du baril de pétrole brut a dégringolé de 70% pour passer sous la barre des 30 dollars, un cours que personne n'aurait imaginé il y a 18 mois quand il atteignait 110 dollars. La percée technologique de la fracturation hydraulique sur le territoire américain a révolutionné le marché de l'or noir et fait des Etats-Unis le premier mondial producteur de pétrole.
Les autorités financières, la présidente de la Fed, Janet Yellen, en tête, ont répété à l'envi que la baisse des prix de l'essence libérait du pouvoir d'achat pour les consommateurs. Le super à la pompe est tombé sous la barre des 2 dollars le gallon en moyenne cette semaine (0,45 euro le litre), un plus bas en sept ans.
Pourtant les retombées sur les dépenses de consommation ne semblent guère se matérialiser, même si le consommateur reste la locomotive de la modeste croissance américaine.
Les ventes au détail n'ont progressé que de 2,1% en 2015, selon les chiffres officiels publiés vendredi, contre une croissance moyenne annuelle de 5,1% de 2010 à 2014.
Une fois que le taux d'épargne sera plus haut, le consommateur finira pas dépenser ces économies, assure Angel Ubide.
Les gagnants sont plus nombreux que les perdants, maintient aussi Reza Varjavand, professeur d'économie à l'université Saint Xavier de Chicago. L'impact est positif pour les consommateurs américains mais négatif pour les pays producteurs à l'étranger et pour le marché boursier, affirme-t-il à l'AFP.
- Vous avez dit temporaire ?
Dans l'industrie, les secteurs pétrolier et manufacturier souffrent. Les industries extractives ont détruit presque 130.000 emplois en 2015, selon le ministère du Travail. Le nombre de puits d'extraction en activité a diminué de 68% aux Etats-Unis l'année dernière.
Sur le plan de l'inflation, l'impact à la baisse des prix de l'énergie n'en finit plus. C'est un effet temporaire, promet Janet Yellen depuis des mois alors que la Banque centrale aimerait voir la hausse des prix se redresser.
Temporaire peut durer longtemps, ironise M. Ubide. Il ajoute que mathématiquement l'impact sur l'inflation d'un prix du baril de plus en plus bas ne peut que proportionnellement s'essouffler. Plus le prix du pétrole est bas, moins il aura d'impact sur l'inflation sur une base incrémentielle, affirme-t-il. Certains experts, comme chez Morgan Stanley, n'excluent plus le scénario d'un baril à 20 dollars à la faveur de l'appréciation continue du billet vert.
Enfin, la manne de ces économies dont bénéficie les ménages américains a-t-elle éteint pour un moment les revendications salariales ? Standard and Poor's a semblé se poser la question notant que la baisse des prix de l'énergie compensait l'anémique progression des salaires.
(c) AFP