Le brut chute de plus de 3 dollars, après un séisme dévastateur au Japon
Londres - Les prix du pétrole chutaient de plus de 3 dollars vendredi à la mi-séance européenne, accentuant leurs pertes après un séisme dévastateur au Japon, qui pourrait avoir affecté des infrastructures de raffinage du pays, troisième consommateur de brut dans le monde.
Vers 12H15 GMT (13H15 HEC), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en avril s'échangeait à 112,34 dollars sur l'InterContinental Exchange (ICE) de Londres, en baisse de 3,09 dollars par rapport à la clôture de jeudi.
Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour la même échéance dégringolait de 2,90 dollars à 99,80 dollars, sur le New York Mercantile Exchange (Nymex). Il est tombé brièvement jusqu'à 99,01 dollars, son plus bas niveau depuis 10 jours.
Les cours du baril se sont effondrés vendredi après le séisme d'une magnitude de 8,9 qui a touché le nord-est du Japon, le plus puissant jamais enregistré par l'archipel, déclenchant un tsunami de plusieurs mètres de haut sur les côtes du Pacifique.
"Les marchés (européens) se sont réveillés avec cette catastrophe. Et très clairement, certains sites de raffinage (du Japon) ont été touchés", ce qui pourrait affecter les importations de brut du pays, a expliqué Olivier Jakob, analyste du cabinet suisse Petromatrix.
Un vaste incendie s'est ainsi produit dans une raffinerie de la ville d'Iichihara, dans la région de Tokyo, selon la télévision japonaise, "mais à ce stade, il est encore difficile de déterminer avec précision quelles seront les implications pour les marchés pétroliers", relevait l'analyste.
Le Japon est, après les Etats-Unis et la Chine, le troisième consommateur de pétrole dans le monde.
La fermeture de quatre centrales nucléaires après le séisme, "si elle est prolongée, pourrait se traduire par une plus grande demande de fioul par le pays, mais il y a aussi l'impact économique général à prendre en compte", poursuivait M. Jakob.
D'une manière générale, "il faut s'attendre à une baisse, au moins temporaire, de la demande japonaise" et "cette catastrophe naturelle pourrait résulter en une nouvelle montée brutale de l'aversion pour les placements à risque chez les investisseurs", notaient les experts de Commerzbank.
Toutefois, "la poursuite des troubles en Afrique du Nord et au Moyen-Orient devrait empêcher les prix de chuter encore beaucoup plus", tempéraient-ils.
Le marché surveillait ainsi attentivement la situation en Arabie saoudite, premier exportateur mondial de brut : les forces de sécurité se sont déployées en masse vendredi mais aucune manifestation n'a été signalée dans le royaume, en dépit d'un appel sur Facebook à un "Jour de révolution".
Jeudi, trois manifestants chiites avaient été blessés à Al-Qatif (est de l'Arabie saoudite) par des tirs de la police, qui tentait de disperser un rassemblement de 600 à 800 personnes.
En Libye, les combats faisaient toujours rage vendredi, alors que les insurgés envoyaient des renforts vers le site pétrolier de Ras Lanouf, dans l'Est du pays, pour stopper une offensive des forces loyales au leader Mouammar Kadhafi.
La production libyenne de pétrole a chuté d'environ 1,4 million de barils par jour depuis le début de la révolte contre le colonel Kadhafi, tombant à "200.000 ou 300.000 barils par jour", a estimé vendredi le PDG du groupe pétrolier français Total, Christophe de Margerie.
fah
(AWP/11 mars 2011 13h46)