Le brut en hausse, les incertitudes sur l'approvisionnement persistent
Vers 11H00 GMT (12H00 HEC), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en avril s'échangeait à 112,12 dollars sur l'InterContinental Exchange (ICE) de Londres, en hausse de 76 cents par rapport à la clôture de la veille.
Il avait frôlé jeudi les 120 dollars, à son plus haut niveau depuis août 2008, avant d'effacer ses gains et de terminer la séance en petite baisse.
Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en avril progressait de 46 cents, à 97,47 dollars. Il avait grimpé jeudi jusqu'à 103,41 dollars le baril, un sommet depuis deux ans et demi.
Les cours du baril restaient suspendus aux troubles en Libye, où l'étau se resserrait vendredi autour du leader libyen Mouammar Kadhafi, pris entre l'opposition affirmant avoir libéré l'est du pays et des combats violents à l'ouest, alors que la communauté internationale accentue sa pression sur le régime.
L'Agence internationale de l'énergie (AIE) estime que de 500.000 à 750.000 barils par jours de brut, soit moins de 1% de la consommation mondiale quotidienne, ont jusqu'à présent été retirés du marché en raison des violences en Libye, important exportateur de brut.
Mais d'autres pays producteurs pourraient compenser les pertes de production observées en Libye, à commencer par l'Arabie saoudite, principal producteur au sein de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), et déjà "en discussions actives" avec les raffineurs européens, selon plusieurs médias.
"Cependant, beaucoup de raffineries européennes approvisionnées par la Libye peuvent seulement traiter du brut léger, et il n'est pas certain que l'Arabie saoudite puisse leur fournir un brut similaire", tempéraient les experts de Commmerzbank.
Mais pour Filip Petersson, analyste de la banque SEB, pour que les prix continuent de grimper de façon significative, "il faudrait que les mouvements de contestation s'étendent en Algérie, en Arabie saoudite ou en Iran", autres producteurs majeurs.
Et "alors que l'Opep va accroître sa production pour répondre aux perturbations en Libye, il lui sera plus difficile de réagir à de nouvelles crises, en raison de la diminution des capacités de production excédentaires" du cartel, observait-il.
La peur d'une contagion est le moteur de la hausse des cours : "Le risque d'une extension des troubles à l'Arabie saoudite est une inquiétude bien plus sérieuse (que la Libye) pour le marché. Même la lointaine possibilité d'un tel scénario pourrait avoir de sérieuses conséquences" pour les prix, soulignait Tamas Varga, de PVM Oil Associates.
"Et si cette inquiétude se concrétisait, les records de 2008 (plus de 147 dollars le baril, ndlr) paraîtrait très vite plutôt bon marché..." avançait-elle.
Pour le moment, les prix du brut devraient plutôt reprendre leur souffle, estimaient toutefois certains analystes.
"Après plusieurs jours d'envolées successives, un recul des prix ne doit pas apparaître comme inattendu (...) Il s'agit d'un marché extrêmement volatil, avec une forte propension à des achats euphoriques et à des ventes affolées, et vice-versa", commentait le courtier américain Cameron Hanover.
fah
(AWP/25 février 2011 12h38)