Six mois ou plus ? L'Opep tranche sur la prolongation de ses quotas
Pour renverser la vapeur sur un marché qu'ils ont inondé de brut entre 2014 et 2016, entraînant un effondrement des prix, les pays du cartel avaient réussi à s'entendre fin 2016 afin de limiter leur production. Ils avaient dans la foulée convaincu dix pays extérieurs au cartel de se joindre à eux.
Ils doivent décider, lors d'une réunion régulière dans la capitale autrichienne où l'OPEP a son siège, de la suite à donner à cet engagement historique qui court jusqu'à mars 2018.
Le prix du baril de Brent, qui fait référence en dehors des Etats-Unis, évolue désormais au dessus des 60 dollars, après avoir plongé jusqu'à 26 dollars en février 2016.
Prolongation confirmée
L'accord avait déjà été renouvelé au printemps, et le Comité de suivi, qui s'est réuni mercredi et inclut la Russie, affirme d'ores et déjà qu'il sera prolongé.
"Le marché n'est pas encore totalement équilibré, il faut d'autres actions en commun après le 1er avril. Tout le monde a recommandé de prolonger l'accord", a dévoilé mercredi le ministre russe de l'Energie Alexandre Novak.
L'Arabie saoudite, qui plaide pour un renouvellement de neuf mois, jusqu'à fin 2018, pourrait avoir à convaincre la Russie. Moscou craint que la hausse des cours du pétrole profite essentiellement aux entreprises américaines et pourrait souhaiter s'engager sur une durée plus courte.
Les ministres des quatorze pays de l'OPEP se réuniront entre eux jeudi matin puis rencontreront dans la foulée leurs partenaires extérieurs au cartel.
L'approche de la sentence attise la nervosité des marchés du pétrole, dont les attentes sont élevées, et les prix ont reculé depuis le début de la semaine.
L'OPEP joue une partie serrée face aux Etats-Unis: dopées par les gisements de pétrole de schiste, les extractions américaines ont atteint en novembre des niveaux hebdomadaires record. Elles pourraient être encore encouragées par une poursuite du redressement des prix.
D'autres enjeux géopolitiques se dessinent en toile de fond: le prince héritier Mohammed ben Salmane, nouvel homme fort de l'Arabie saoudite, ne peut se permettre de voir les cours flancher à nouveau s'il veut mener à bien ses projets de réforme, estiment les analystes.
-De nouveaux pays engagés ?-"Il est plus que probable que l'OPEP arrive à étendre son accord. Mais le diable sera dans les détails", a prévenu Olivier Jakob, analyste chez Petromatrix, dans une note où il écrit craindre que les participants se contentent d'une mesure symbolique pour satisfaire les investisseurs spéculatifs.
Le sort qui sera réservé aux productions de la Libye et du Nigeria pèse par ailleurs sur le moral des investisseurs.
Les deux pays africains ont été exemptés fin 2016 d'une limitation de leur production, déjà fort affectée par les conflits qui déchirent ces pays. Mais leurs extractions ont repris de la vigueur, jouant sur l'équilibre du marché.
"Dans les faits, nous ne nous attendons pas à ce que leur soit imposée une baisse de production, mais plutôt une limitation de production soit au niveau actuel, soit à leur plus haut niveau de l'année écoulée", a commenté Joseph McMonigle, analyste pétrole chez Hedgeye.
A l'inverse, les difficultés de production de certains pays facilitent le rééquilibrage du marché, comme au Venezuela, en proie à une grave crise économique et politique, "où la production fond de mois en mois", a commenté Alexandre Andlauer, analyste chez Alphavalue.
(c) AFP