Le pétrole s'effondre plombé par une demande faible et une offre surabondante
Vers 17H45 GMT (18H45 à Paris), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en janvier valait 62,11 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en baisse de 1,57 dollar par rapport à la clôture de jeudi. Vers 16H50 GMT vendredi, le cours du Brent a atteint un nouveau plus bas depuis juillet 2009, à 61,35 dollars, se rapprochant du seuil psychologique des 60 dollars.
Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de light sweet crude (WTI) pour la même échéance perdait 1,80 dollar à 58,15 dollars. Parallèlement au Brent, la référence américaine du brut est tombée à son plus bas niveau depuis le 18 mai 2009, à 57,34 dollars.
Déjà très affaiblis depuis la dernière réunion de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) fin novembre, le WTI et le Brent ont dégringolé vendredi après la sortie du rapport mensuel de l'AIE qui prévoit une croissance de la demande plus timide qu'escompté pour 2015, alors que les stocks de brut et de produits pétroliers augmentent.
La décision de l'Opep de conserver son plafond de production à 30 millions de barils par jours lors de leur dernière réunion, alors que le marché est plombé par une offre surabondante, a porté un coup fatal aux prix du pétrole.
Il n'y a tout simplement pas de fin à la dégringolade des prix du pétrole, commentaient les analystes de Commerzbank. Les cours du brut ont perdu plus de 45% depuis le mois de juin et pourraient continuer leur spirale descendante, lestés par l'afflux de nouvelles négatives, d'après des analystes. Pour le Brent, il va être beaucoup plus difficile pour les investisseurs de prédire le plancher du cours, d'autant plus que toutes les informations concernant le pétrole sont un nouveau camouflet pour la matière première, notait Connor Campbell, analyste chez Spreadex.
Même si, selon l'AIE, la croissance de la demande devrait se raffermir en 2015, par rapport à 2014, l'accélération paraît plus modeste qu'anticipée, au vu du rythme de plus en plus hésitant de la reprise économique mondiale, expliquait l'AIE.
La consommation de pétrole devrait croître de 900.000 barils par jour l'an prochain pour atteindre 93,3 millions de barils par jour (mbj), contre une anticipation précédente de 93,6 mbj, à cause d'attente moindres concernant la demande venant des pays de l'ex-Union soviétique et d'autres pays exportateurs de pétrole.
À cela s'ajoute la suppression des subventions publiques aux produits pétroliers dans certains pays et le renchérissement du dollar, qui rend plus chers leurs achats en devise locale, et une faible progression des salaires dans les pays développés de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).
Dans certains pays émergents, comme l'Inde ou l'Indonésie, l'effet d'une augmentation de la demande créée par la chute des cours du pétrole est différé car ces pays en profitent pour réévaluer leurs subventions sur les produits pétroliers pour renflouer leurs budgets.
Il va falloir un certain temps à l'offre pour réagir à la baisse des prix et se rééquilibrer, commentaient les analystes de Commerzbank.
Pour les experts de Barclays, l'excédent d'offre sur le marché pourrait prendre jusqu'à une année à se résorber.
Ainsi, même si pour nombre d'analystes les prix bas du pétrole vont pousser certains producteurs de pétrole plus coûteux à extraire - comme le pétrole de schiste aux États-Unis et le pétrole de sable bitumineux au Canada - à revoir leurs investissements, la production de pétrole des pays hors Opep ne devrait pas pour autant baisser.