Le brut s'enfonce sous 100 USD à Londres, l'économie mondiale inquiète
Vers 16H00 GMT (18H00 HEC), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juin, dont c'est le deuxième jour d'utilisation comme contrat de référence, valait 98,14 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en baisse de 1,77 dollar par rapport à la clôture de mardi.
Il s'approchait à nouveau des 98,00 dollars atteints la veille, ce qui représentait son niveau le plus faible depuis le 11 juillet 2012. Il avait glissé mardi sous le seuil psychologique des 100 dollars le baril pour la première fois en neuf mois.
Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en mai cédait 1,69 dollar à 87,03 dollars.
"Les prix du pétrole accentuent leur baisse, toujours tirés vers le bas par les inquiétudes sur la demande mondiale et l'abondance de l'offre (d'or noir)", dans un marché refroidi par l'abaissement par le Fonds monétaire international (FMI) de ses prévisions de croissance économique mondiale pour 2013, soulignait Fawad Razaqzada, analyste du courtier GFT.
L'institution a indiqué mardi qu'elle tablait sur une croissance mondiale de 3,3% pour 2013, contre 3,5% prévus précédemment, ce qui est venu aviver la nervosité des opérateurs après une décélération inattendue de la croissance chinoise au premier trimestre et une salve d'indicateurs américains moroses en début de semaine.
Dans ce contexte, même une chute inattendue des stocks de brut aux États-Unis n'est pas parvenue à revigorer le marché.
Le Département américain de l'Énergie (DoE) a fait état mercredi d'un recul de 1,2 million de barils des stocks de brut aux États-Unis lors de la semaine achevée le 12 avril, alors que les experts interrogés par l'agence Dow Jones Newswires avaient misé sur une légère progression, de 900'000 barils.
Ces stocks avaient gonflé de 6,3 millions de barils au cours des trois semaines précédentes, nourrissant les inquiétudes sur la surabondance d'or noir aux États-Unis.
"Mais ce repli surprise a été totalement éclipsé par le bond inattendu des réserves de produits distillés, qui explique pourquoi les prix du baril ont en fait accentué leurs pertes" après les chiffres du DoE, remarquait M. Razaqzada.
Les réserves de produits distillés (qui incluent le gazole et le fioul de chauffage), très surveillées au sortir d'un hiver rigoureux, ont en effet augmenté la semaine dernière de 2,4 millions de barils, alors que les analystes attendaient un recul de 500'000 barils.
De leur côté, les réserves d'essence ont, elles, reculé de 600'000 barils, une baisse conforme aux attentes.
Enfin, "le net renchérissement du dollar face à un euro sous pression" après des propos du président de la Banque centrale allemande (Bundesbank) Jens Weidmann évoquant une possible baisse des taux de la Banque centrale européenne (BCE), "a encore accru la pression sur les cours des matières premières, dont le pétrole, libellées en dollars", ajoutait Fawad Razaqzada.
Un dollar renforcé rend moins attractifs les achats de brut, libellés dans la monnaie américaine, pour les investisseurs détenant d'autres devises.
"Les cours devraient rester cantonnés dans une fourchette étroite" dans un marché suspendu à tout nouvel indicateur macroéconomique et "il ne faut pas s'attendre à un rebond des cours à court terme", estimait de son côté Andrey Kryuchenkov, analyste de VTB Capital, qui rappelait que l'offre d'or noir devrait rester abondante.
Ainsi, même si le seuil de 100 dollars est considéré comme le niveau de cours "approprié" par l'Arabie saoudite, chef de file de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), le cartel attendra une baisse prolongée des prix avant de réduire sa production, jugeait l'analyste.
rp
(AWP / 17.04.2013 18h31)