Le brut bondit, marché inquiet du vent de contestation au Moyen-Orient
Vers 17H00 GMT (18H00 HEC), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en avril, dont c'était le premier jour comme contrat de référence, s'échangeait à 104,05 dollars sur l'InterContinental Exchange (ICE) de Londres, en hausse de 3,11 dollars par rapport à la clôture de vendredi.
Il s'était hissé jusqu'à 104,30 dollars vers 16H30 GMT, son plus haut niveau depuis fin septembre 2008.
Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en mars en revanche, ne progressait que de 10 cents à 85,68 dollars.
"Le marché pétrolier restera extrêmement nerveux, jusqu'à ce que la stabilité fasse son retour en Egypte, et qu'apparaisse un peu de certitude sur ce qui va arriver ensuite, en termes de gouvernement du pays", relevait Rebecca Seabury, analyste de la firme énergétique britannique Inenco.
Mais surtout, "le marché redoute que le mouvement de contestation ne s'étende à travers toute la région sur le modèle de l'Egypte", précisait-elle. Plusieurs pays du Proche et Moyen-Orient ont été le théâtre lundi de manifestations contre les régimes en place, dans la foulée de celles ayant abouti en Egypte au départ vendredi du président Hosni Moubarak, chassé par le peuple après deux semaines de révolte.
Des milliers d'étudiants et d'avocats ont manifesté lundi au Yémen, où des protestataires ont été légèrement blessés lors de heurts. En Iran, plusieurs milliers de personnes ont affronté la police dans les rues de Téhéran et à Bahreïn, plusieurs dizaines de personnes ont tenté de manifester à Nouidrat.
"La transition en Egypte sera difficile, mais ce sont les informations sur des troubles latents en Iran, exportateur clé, et sur des manifestations régulières en Algérie, au Bahreïn et au Yémen qui sont un souci plus direct pour le marché pétrolier", confirmaient les analystes de JPMorgan.
Dans un tel environnement, les investisseurs "cherchent à être rassurés sur la stabilité de la région dans les semaines ou les mois qui viennent, faute de quoi les prix du pétrole devraient continuer leur trajectoire vers les 110 dollars le baril", commentait Mme Seabury.
En revanche, à l'inverse du Brent échangé à Londres, le WTI coté sur la place new-yorkaise ne parvenait pas à décoller: l'écart entre les deux prix de référence s'est encore élargi atteignant un niveau historique de plus de 18 dollars.
"Les risques d'instabilité politique parmi les pays producteurs (du Proche et Moyen-Orient) devraient maintenir le cours du Brent au-dessus de 100 dollars dans les jours qui viennent, (...) mais le WTI apparaît largement indifférent" à cette tendance, observait Christophe Barret, de Crédit Agricole CIB.
Le niveau extrêmement élevé des stocks de Cushing, principal terminal des Etats-Unis, où est stocké le brut texan (WTI) contribue à isoler le marché américain des marchés internationaux, soulignait-il.
Autre facteur de soutien, les chiffres des importations chinoises de brut pour janvier se sont révélés particulièrement robustes malgré des mesures de resserrement de politique monétaire dans le pays. La Chine est le deuxième consommateur mondial de brut.
rp
(AWP/14 février 2011 18h30)