Le brut finit en baisse à New York, le marché déçu par la Fed
(reprise de la veille)
New York - Les cours du pétrole ont fini en baisse à New York mercredi, plombés par la hausse aussi forte qu'inattendue des stocks de pétrole aux Etats-Unis, les investisseurs étant également déçus que la Réserve fédérale n'ait pas annoncé un nouveau plan d'assouplissement monétaire.
Le baril de "light sweet crude" pour livraison en juillet, dont c'était le dernier jour de cotation, a lâché 2,23 dollars à 81,80 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex).
A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en août, échangé sur l'IntercontinentalExchange (ICE), a fini à 92,69 dollars, en baisse de 3,07 dollars par rapport à la clôture de mardi. Il a glissé vers 15H40 GMT à 92,38 dollars, un niveau plus vu depuis le 7 janvier 2011.
En spéculant sur la réunion de la Fed, "le marché a été un peu trop enthousiaste ces derniers jours et (...) le pétrole est maintenant dans une tendance à la baisse", a souligné Rich Ilczyszyn, analyste chez iiTrader.com.
"On voit de lourdes ventes (car) le marché espérait une nouvelle mesure d'assouplissement monétaire", a ajouté Matt Smith, de Summit Energy (groupe Schneider Electric).
La Réserve fédérale a seulement annoncé une prolongation jusqu'à la fin de l'année de son "opération Twist", lancée en octobre, alors que certains investisseurs attendaient des injections de liquidités dans l'économie.
Celles-ci ont pour effet de stimuler les investissements dans les matières premières, mais aussi de diluer la valeur du dollar, ce qui rend plus attractifs les achats de brut libellés dans la monnaie américaine pour les investisseurs munis d'autres devises.
L'absence d'une telle annonce "force à revenir à la réalité", a résumé M. Ilczyszyn, pointant du doigt les hausses enregistrées par le baril depuis trois semaines, exagérées selon lui.
L'espoir était grand, d'autant plus avec "les données économiques qui continuent de montrer des signes de faiblesse aux Etats-Unis, les bouleversements en Europe et l'Opep qui continue à pomper dans un marché mondial excédentaire", a résumé Phil Flynn, de Price Future Group.
Les cours du baril ont par ailleurs nettement accéléré leur baisse après la publication des chiffres hebdomadaires du Département américain de l'Energie (DoE). Ce relevé a fait état d'une augmentation surprise qui traduit "combien les Etats-Unis ont une offre excédentaire de pétrole" dans un contexte "de grande vulnérabilité à la situation en Europe", a déclaré M. Smith.
Selon le DoE, les stocks de brut aux Etats-Unis ont gonflé de 2,9 millions de barils lors de la semaine achevée le 15 juin, alors que les analystes tablaient à l'inverse sur un recul de 1,0 million de barils.
Les stocks de brut avaient légèrement décru lors des deux précédentes semaines, après deux mois de hausse qui les avaient vus atteindre fin mai un niveau record en 22 ans.
Les stocks de produits distillés (dont le gazole et le fioul de chauffage) ont quant à eux augmenté de 1,2 million de barils, un peu plus qu'attendu, et les stocks d'essence, très surveillés avant la période estivale des grands déplacements en voiture, ont gagné 900'000 barils, une hausse deux fois plus forte que prévu.
Or, a estimé Matt Smith, le début de la saison estivale n'y changera rien: elle "n'affectera pas le marché car de manière générale, la demande n'est pas là".
rp
(AWP / 21.06.2012 06h21)