Le brut poursuit son repli, inquiétudes toujours vives sur la demande
Vers 10H00 GMT (12H00 HEC), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juin s'échangeait à 111,61 dollars sur l'InterContinental Exchange (ICE) de Londres, en baisse de 96 cents par rapport à la clôture de mercredi.
Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" (WTI) pour la même échéance perdait 1,26 dollar à 96,95 dollars, après être descendu vers 08H45 GMT à 96,51 dollars, son plus bas niveau depuis le 16 mars.
Les cours du baril avaient chuté de plus de 5 dollars mercredi, emportés par des signes de ralentissement de la demande après un nouveau bond des stocks de brut aux Etats-Unis et une hausse inattendue des réserves d'essence, sur fond de renforcement du dollar.
"Le pétrole poursuit sur cette tendance baissière, à l'unisson des marchés boursiers. Et le rapport de l'AIE a encore exacerbé la pression sur le marché, en particulier sur les prix du WTI", observait Andrey Kryuchenkov, analyste du courtier VTB.
Dans son rapport mensuel dévoilé jeudi, l'Agence internationale de l'énergie a revu en baisse de 190'000 barils par jour sa prévision de demande mondiale de pétrole en 2011, en raison des prix élevés et d'une croissance moins forte dans les pays riches.
"C'est le première fois cette année que l'AIE abaisse ses prévisions. Elle justifie cette décision par le fait que des cours (du brut) élevés entraînent un ralentissement de la consommation nord-américaine", confirmant ainsi les craintes récentes des opérateurs, soulignait M. Kryuchenkov.
Une inflation toujours élevée en Chine en avril a par ailleurs "ravivé mercredi les doutes sur les perspectives de croissance économique du pays", remarquait David Hufton, de PVM Oil Associates.
Pékin pourrait en effet décider de nouveaux resserrements monétaires pour juguler la hausse des prix, afin d'éviter une surchauffe de son économie, quitte à limiter la demande énergétique du géant asiatique, deuxième consommateur de brut dans le monde après les Etats-Unis.
Le regain de vigueur continu du dollar, qui pèse sur les actifs libellés dans la monnaie américaine, n'aidait guère le marché du pétrole jeudi.
Le billet vert continuait de profiter comme la veille des interrogations sur la situation budgétaire de la Grèce, qui plombaient la monnaie unique européenne.
Dans ce contexte, "les craintes sur la crue du (fleuve américain) Mississippi et les éventuelles fermetures de raffineries qu'elle pourrait entraîner n'ont pas tout à fait disparues, mais sont mises de côté par les opérateurs qui se concentrent sur des considérations macroéconomiques", relevait M. Hufton.
Cette crue exceptionnelle du Mississippi, devenu six fois plus large que d'ordinaire ces derniers jours, menaçait en Louisiane au moins deux raffineries et plus de 1.750 puits de pétrole et de gaz, a indiqué mercredi Bobby Jindal, gouverneur de cet Etat du sud des Etats-Unis.