Le brut recule, plombé par un bond des stocks d'essence aux Etats-Unis
Vers 17H00 GMT (18H00 HEC), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en janvier valait 109,46 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en baisse de 38 cents par rapport à la clôture de mardi.
Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" (WTI) pour la même échéance perdait 22 cents à 88,28 dollars.
"Les prix du baril ont nettement décroché, sur fond de renchérissement du dollar" face à l'euro, ce qui rendait les achats de brut libellés dans la monnaie américaine moins attractifs pour les détenteurs d'autres devises, observait Fawad Razaqzada, analyste du courtier GFT.
Les investisseurs tendaient ainsi à délaisser les actifs jugés risqués, comme les matières premières ou l'euro, alarmés par "des indicateurs décevants en Europe comme aux Etats-Unis", poursuivait M. Razaqzada.
Les marchés ont en effet accusé le coup après l'enquête du cabinet de ressources humaines ADP, selon qui les embauches du secteur privé ont nettement baissé aux Etats-Unis en novembre. De leur côté, les commandes reçues par les entreprises manufacturières aux Etats-Unis ont progressé en octobre mais à un rythme bien moins soutenu qu'attendu.
Les cours ont ensuite creusé leurs pertes après les chiffres hebdomadaires du Département américain de l'Energie (DoE).
Ce dernier a certes fait état d'une chute de 2,4 millions de barils, huit fois plus forte qu'attendu, des réserves de brut aux Etats-Unis lors de la semaine achevée le 30 novembre, mais les stocks de produits raffinés ont en revanche bondi, en raison d'une forte accélération de l'utilisation des raffineries.
Les stocks de produits distillés, qui incluent le gazole et le fioul de chauffage, très surveillés à l'approche de l'hiver, ont ainsi augmenté de 3 millions de barils, tandis que les réserves d'essence ont, elles, affiché un bond de 7,9 millions de barils -- des hausses cinq fois plus importantes que prévu.
"Au total, les stocks pétroliers ont grossi de 5,9 millions de barils la semaine dernière" tandis que "la demande pétrolière totale a diminué de 600'000 barils par rapport à la semaine précédente", remarquait Torbjorn Kjus, analyste de DNB Bank, qui expliquait que le gonflement des stocks de produits raffinés dans un contexte de fléchissement de la demande est de nature à peser sur les prix.
De plus, outre les inquiétudes sur les perspectives économiques et la demande énergétique des Etats-Unis, premier consommateur de brut, la nervosité des investisseurs restait alimentée par le fait que "les discussions pour éviter le mur budgétaire ne progressent pas beaucoup", notait David Hufton, analyste du courtier PVM.
Le président Barack Obama a prévenu mardi les républicains qu'aucun accord budgétaire n'était possible sans qu'ils cèdent sur des hausses des taux d'imposition pour les contribuables les plus aisés, ce à quoi ils se refusent obstinément.
Les courtiers redoutent une absence de compromis entre les deux partis d'ici la fin de l'année, ce qui entraînerait l'entrée en vigueur d'une cure d'austérité automatique risquant de faire tomber l'économie américaine en récession et plonger la demande énergétique du pays, premier consommateur de brut du monde.
rp
(AWP / 05.12.2012 18h31)