Chocs et contre-chocs pétroliers depuis 1973
Chocs pétroliers, flambées et chutes des prix: le pétrole a connu une histoire à rebondissements au gré des événements internationaux depuis les années 1970.
1973: guerre du Kippour et premier choc pétrolier
Le 16 octobre 1973, dix jours après le début de l'offensive égyptienne et syrienne contre Israël, six pays du Golfe membres de l'OPEP (Organisation des pays exportateurs de pétrole) augmentent de 70% les prix du pétrole. Pour la première fois depuis la création de ce cartel en 1960, des Etats producteurs imposent une hausse de prix sans l'aval des compagnies pétrolières. Ils décrètent un embargo contre les pays occidentaux jugés pro-israéliens, ce qui provoque une envolée des prix et une crise pétrolière mondiale.
Nouvelle augmentation en décembre, le prix du baril atteint 11,65 dollars (équivalent à 60,2 dollars de janvier 2016), soit quatre fois son niveau de septembre. Il quintuplera un an plus tard.
1979: deuxième choc pétrolier
Sous les effets conjugués de la Révolution islamique iranienne et de la guerre Iran-Irak (1980-1988), la production mondiale diminue, provoquant une flambée des prix. C'est le deuxième choc pétrolier. Le brut culmine à 40 dollars (126,8 dollars 2016) à l'automne 1979.
Les pays consommateurs vont s'efforcer de réduire leur dépendance en mettant en oeuvre des politiques d'économies d'énergie et en diversifiant les sources énergétiques.
1986: la guerre des prix
La récession économique mondiale entraîne une chute des cours à partir de décembre 1985. Malgré plusieurs baisses de production décidées par l'OPEP, les prix stagnent, faute de coopération des pays non membres du cartel.
L'Arabie Saoudite et le Koweït déclenchent à l'automne 1986 une guerre des prix en produisant à plein régime. Le baril tombe à 8 dollars (17,2 dollars 2016), contraignant les pays non OPEP à réduire leur production.
Le brut remonte alors et fait même une courte incursion au-dessus des 40 dollars (71,4 dollars 2016) à l'automne 1990, juste avant la guerre du Golfe.
1997: une erreur d'appréciation
En novembre 1997, l'OPEP relève de 10% sa production, sans tenir compte de la crise asiatique. Les cours s'effondrent de 40%, passant fin 1998 à moins de 10 dollars le baril (14,5 dollars 2016). Il faudra près d'un an et demi à l'Organisation pour redresser la barre, en baissant sa production malgré une forte demande (32 dollars en septembre 2000, soit 43,7 dollars 2016).
2004-2007: troubles et catastrophe
A partir de l'été 2004, le baril s'envole dans un environnement géopolitique marqué par une aggravation du conflit au Proche-Orient et des attentats en Irak ainsi que des troubles sociaux au Venezuela et au Nigeria, tous trois pays producteurs. En octobre 2004, le brut dépasse 50 dollars (62,4 dollars 2016). L'augmentation des prix s'accélère après l'ouragan Katrina qui frappe les installations pétrolières du Golfe du Mexique, franchissant en août 2005 la barre des 70 dollars (84,3 dollars 2016). Cette nouvelle flambée est qualifiée de troisième choc pétrolier.
2008-2009: un record puis une chute
Après avoir touché brièvement en janvier le seuil psychologique des 100 dollars (112,5 dollars 2016), le baril, dopé par la baisse des stocks américains et la croissance chinoise, repart en flèche au printemps, au fur et à mesure que s'affaiblit le dollar. Le 11 juillet, il atteint son record absolu, dépassant les 147 dollars (157,5 dollars 2016).
Mais la crise des subprime qui va entraîner une crise économique mondiale et le recul de la consommation font plonger les cours du brut qui perdent en cinq mois plus des deux tiers de leur valeur, chutant en décembre 2008 à 32 dollars (36 dollars 2016).
2011: le conflit libyen enflamme le marché
La guerre civile qui secoue la Libye et provoque la suspension de la production pétrolière, fait bondir les cours de près de 35% jusqu'à un pic de 127 dollars (134,7 dollars 2016) le 11 mars.
2014-2016: une demande en baisse
Depuis l'été 2014, le prix du baril a dégringolé de 70% passant en 18 mois de 110 à 30 dollars (108 à 30 dollars 2016), sur fond d'offre trop abondante face à une faible demande.
La baisse continue des cours du brut est en grande partie imputable à l'offensive commerciale de l'OPEP, et notamment de l'Arabie saoudite, qui inonde le marché d'or noir afin de contrer l'essor des hydrocarbures de schiste aux États-Unis. Elle s'explique aussi par la faiblesse de la demande chinoise, qui ne joue plus son rôle de locomotive.