L'Opep prête à reconduire ses quotas pour neuf mois
"Nous n'avons pas discuté d'une prolongation de six mois, seule l'option de neuf mois est sur la table", a affirmé Issam al-Marzooq, ministre koweïtien du Pétrole avant le début de la rencontre.
Pour renverser la vapeur sur un marché inondé de brut entre 2014 et 2016, et permettre aux cours de remonter, les pays de l'OPEP avaient réussi à s'entendre fin 2016 afin de limiter leur production. Ils avaient dans la foulée convaincu dix pays extérieurs au cartel de se joindre à eux.
Sous la houlette de deux des trois plus grands producteurs mondiaux, l'Arabie saoudite et la Russie, les 22 producteurs désormais associés ont réduit leur offre de centaines de milliers de barils par jour en 2017. Les cours sont remontés et les pays producteurs ont pu commencer à renflouer leurs caisses.
Le baril de Brent, qui fait référence en dehors des Etats-Unis, évolue désormais au-dessus des 60 dollars, après avoir plongé jusqu'à 26 dollars en février 2016.
Prolongation confirmée
L'accord avait déjà été renouvelé au printemps, et le Comité de suivi, qui s'est réuni mercredi, souhaite une nouvelle prolongation.
Le ministre russe de l'Energie, Alexandre Novak, s'est cependant montré moins enthousiaste que ses homologues de l'OPEP: Moscou craint que la hausse des cours du pétrole profite essentiellement aux entreprises américaines et pourrait souhaiter s'engager sur une durée plus courte.
L'approche de la sentence attise la nervosité des marchés du pétrole et les prix ont reculé depuis le début de la semaine.
D'autres enjeux géopolitiques se dessinent en toile de fond: le prince héritier Mohammed ben Salmane, nouvel homme fort de l'Arabie saoudite, ne peut se permettre de voir les cours flancher à nouveau s'il veut mener à bien ses projets de réforme, estiment les analystes.
L'Arabie saoudite veut ainsi "continuer à jouer un rôle moteur" dans la stratégie de plafonnement de production, a commenté jeudi le ministre saoudien de l'Energie, Khalid al-Falih, alors que son pays a abaissé ses extractions au-delà de l'objectif fixé pour compenser le manque de discipline d'autres pays.
Nouveaux pays engagés ?
"Il est plus que probable que l'OPEP arrive à étendre son accord. Mais le diable sera dans les détails", a prévenu Olivier Jakob, analyste chez Petromatrix.
Il n'est pas exclu que l'OPEP demande à la Libye et au Nigeria de se joindre à l'effort du groupe.
Les deux producteurs africains ont jusqu'ici été exemptés d'une limitation de leur production, déjà affectée par les conflits qui déchirent ces pays. Mais leurs extractions ont repris de la vigueur, jouant sur l'équilibre du marché.
"Nous nous sommes volontairement limités à une production de 1,8 million de barils par jour maximum. Il n'y aura pas de baisse, je préfère le terme d'objectif à celui de baisse", a prévenu le ministre nigérian du pétrole, Emmanuel Ibe Kachikwu.
A l'inverse, les difficultés de production de certains pays facilitent le rééquilibrage, comme au Venezuela, en proie à une grave crise économique et politique, "où la production fond de mois en mois", a commenté Alexandre Andlauer, analyste chez Alphavalue.
Caracas, qui accuse les Etats-Unis de mener une "persécution financière" contre le Venezuela, a de nouveau menacé jeudi, par la voix de son nouveau ministre du pétrole Manuel Quevedo, d'arrêter de vendre du pétrole à Washington.
"Nous avons arrêté 20 personnes dans les derniers jours qui étaient impliquées dans un plan de sabotage de la production. (...) cela participe à la baisse" de nos extractions, a ajouté le ministre sans donner plus de détails.
(c) AFP