L'Opep fixe un plafond de production, sur fond d'incertitudes (synthèse)
Les 12 pays membres du cartel "ont décidé de maintenir leur production au niveau actuel de 30 mbj", a annoncé l'Opep dans le communiqué final de sa 160e réunion, évoquant "les inquiétudes persistantes sur l'état de l'économie mondiale".
Ce plafond de production inclut l'offre de brut de l'Irak, alors que celui-ci était jusqu'alors exempté des quotas de production du cartel -- fixés à 24,84 mbj depuis trois ans pour les onze autres pays membres --, a précisé le secrétaire général de l'Opep Abdallah El-Badri.
La production de l'Opep, qui pompe 35% de l'or noir mondial, avait atteint en novembre 30,68 mbj, au plus haut depuis trois ans, et les onze pays soumis aux quotas étaient loin de les respecter, avec une offre conjuguée de 27,97 mbj, selon les chiffres de l'Agence internationale de l'Energie (AIE).
DÉMONSTRATION D'UNITÉ
"Ils ont simplement ratifié mercredi leur surproduction de cette année et des années précédentes, en légitimant a posteriori leur non-respect des quotas", a indiqué à l'AFP John Hall, analyste indépendant.
"Ils ont fait la démonstration de leur unité, et ne pouvaient pas agir autrement s'ils voulaient conserver leur crédibilité", a-t-il ajouté.
Lors de leur dernière réunion en juin, les membres de l'Opep n'étaient pas parvenus à s'entendre, les membres les plus "conservateurs", Iran et Venezuela en tête, s'opposant au relèvement des quotas proposé par l'Arabie saoudite.
Les quotas individuels, désormais très loin de la production réelle, n'ont pas fait l'objet de discussions mercredi.
S'AJUSTER AU RETOUR DE LA LIBYE
"Il sera nécessaire de les réviser l'an prochain, mais pas avant que la production libyenne ne retrouve son niveau normal", a estimé M. El-Badri.
D'ici là, les Etats qui avaient augmenté leur production pour compenser le manque de brut durant le conflit libyen, "vont réduire leur offre" pour s'ajuster au retour de la Libye sur le marché et permettre à l'Opep de respecter le plafond des 30 mbj, a assuré M. El-Badri.
L'Arabie saoudite, premier producteur de l'Opep, avait notamment décidé unilatéralement d'accroître sa production, qui a dépassé 10 mbj en novembre, contre 8,55 mbj au premier trimestre de l'année, au grand dam du Venezuela et de l'Iran.
"L'Opep dans son ensemble ne doit pas réduire son offre, seulement les pays du Golfe, afin de laisser de la place" à la production libyenne d'or noir qui a redémarré avec vigueur à partir de septembre, avait souligné mardi le ministre vénézuélien Rafael Ramirez.
"La Libye produit en ce moment même 1 mbj", a annoncé mercredi M. El-Badri, une estimation très supérieure au chiffre de 600'000 barils par jour annoncé courant novembre par la Compagnie nationale libyenne (NOC) - et le pays pourrait retrouver mi-2012 son niveau d'avant-guerre (1,6 mbj).
L'ARABIE A SES PROPRES CLIENTS
De son côté, l'Arabie ne semblait pas, avant la réunion, particulièrement encline à réduire son offre de brut - actuellement à son plus haut niveau depuis plus de vingt ans.
"Nous ne réagissons pas à ce que fait la Libye. Nous avons nos propres clients, qui sont différents", avait fait valoir le ministre saoudien Ali al-Nouaïmi avant la rencontre.
Reposant sur l'auto-discipline des différents Etats membres, "le plafond des 30 mbj constitue une cible de production, mais nous devons rester flexibles s'il le faut", a d'ailleurs reconnu mercredi la ministre nigériane Diezani Alison-Madueke.
L'Irak assurera l'an prochain la présidence de l'Opep, dont la prochaine réunion aura lieu en juin 2012 à Vienne, siège du cartel.
rp
(AWP / 14.12.2011 17h31)