Le pétrole chute nettement dans un marché pessimiste sur l'éventualité d'une réduction de l'offre
Vers 17H00 GMT (18H00 à Paris), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en janvier valait 78,53 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en baisse de 1,15 dollar par rapport à la clôture de lundi.
Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de light sweet crude (WTI) pour la même échéance perdait 1,33 dollar, à 74,45 dollars.
Le marché réagit aux commentaires autour de la réunion entre l'Arabie saoudite, la Russie, le Venezuela et le Mexique, au cours de laquelle ils n'ont pas semblé être tombés d'accord sur une baisse combinée de l'offre de pétrole, expliquait Abhishek Desphande, analyste chez Natixis.
Des responsables de l'Arabie saoudite et du Venezuela, deux membres influents de l'Opep, se sont entretenus mardi à Vienne avec des représentants de la Russie et du Mexique, non membres de l'organisation, juste avant une importante réunion du cartel jeudi.
A la sortie de cette réunion inédite, le ministre vénézuélien des Affaires étrangères Rafael Ramirez a jugé que le prix du pétrole brut n'était pas bon tant du point de vue des pays de l'Opep que des producteurs non membres du cartel.Mais M. Ramirez, dont le pays milite pour une baisse importante de la production de pétrole, a aussi confirmé qu'un terrain d'entente n'a pas été trouvé avec l'Arabie saoudite et les autres pays de la péninsule arabique qui sont en faveur du statu quo, pointait Christopher Dembik, analyste chez Saxo Banque.
De son côté, le président du géant russe du pétrole Rosneft a annoncé que le groupe allait réduire sa production de 25.000 barils par jour.
Selon Fawad Razaqzada, analyste chez Forex.com, il n'est toutefois pas étonnant qu'aucun accord ait été atteint en amont de la réunion de jeudi, car la situation est très complexe cette année, l'Iran, l'Irak et la Libye souhaitant être exemptés d'une réduction de la production.
Ces trois pays ont vu leur production pétrolière limitée à divers degrés ces dernières années -- notamment à cause des sanctions occidentales pour l'Iran et de grèves sur les installations pétrolières en Libye -- et souhaitent revenir en force sur le marché dès que possible.
Après la teneur négative de la réunion (entre l'Arabie saoudite, la Russie, le Venezuela et le Mexique), le marché s'inquiète du fait que l'Opep pourrait ne pas annoncer de réduction de son offre à la réunion de vendredi, soulignait M. Desphande.
Les ministres des 12 États de l'Opep doivent discuter jeudi de leur plafond collectif de production, figé depuis trois ans à 30 millions de barils par jour, soit près du tiers du pétrole brut extrait quotidiennement dans le monde.
La chute des cours pèse lourdement sur les recettes budgétaires de ses membres, et certains comme le Venezuela poussent ouvertement le cartel à réduire sa production, dans l'espoir de stabiliser, voire redresser les prix du brut.
Mais l'Arabie saoudite, chef de file du cartel dont elle assure à elle seule le tiers de la production, et chantre du statu quo ces dernières années, semble jusqu'ici vouloir rester sourde à ces préoccupations.
Toutefois, pointait M. Dembik, il n'est dans l'intérêt de personne, même pas de l'Arabie saoudite, d'avoir un prix du baril durablement sous ses niveaux d'avant la crise financière mondiale, c'est-à-dire bien en dessous des 80 dollars le baril.