Le prix baisse nettement, annonce de l'AIE continue d'ébranler le marché
Vers 16H00 GMT (18H00 HEC), le baril de Brent de la Mer du Nord pour livraison en août s'échangeait à 105,32 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, perdant 1,94 dollar par rapport à la clôture de jeudi.
Il est descendu vers 15H30 GMT jusqu'à 105,04 dollars, son plus bas niveau depuis le 21 février.
Sur le New York Mercantile Exchange, le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en août, lâchait quant à lui 42 cents, à 90,60 dollars.
Après avoir hésité autour de l'équilibre jusqu'à l'ouverture du marché américain, les cours du baril baissaient résolument, plombés par la perspective de l'arrivée sur le marché d'un important volume de brut issu des réserves des pays industrialisés.
Les prix du pétrole avaient déjà dégringolé jeudi de près de 7 dollars à Londres et de plus de 4 dollars à New York, après l'annonce par l'AIE qu'elle allait mettre à disposition en l'espace d'un mois 60 millions de barils puisés dans les réserves stratégiques de ses Etats membres.
Estimant ce volume "suffisant pour provoquer une baisse significative des cours", les analystes de la banque américaine JP Morgan ont abaissé leur prévision de cours de 130 à 100 dollars le baril pour le troisième trimestre, revenant à leur estimation d'avant le conflit libyen.
Dans ce contexte, les opérateurs ont relégué au second plan plusieurs indicateurs favorables publiés aux Etats-Unis, dont une augmentation meilleure qu'attendu des commandes de biens durables en mai et une révision en légère hausse de la croissance économique au premier trimestre.
La spectaculaire réaction des marchés jeudi après l'annonce de l'AIE "était exagérée, et il faut s'attendre à voir les cours rebondir aujourd'hui, à mesure que les opérateurs digèrent le fait que l'impact à plus long terme sera limité", tempérait de son côté Andrew Matharu, analyste de Westhouse Securities.
Selon lui, "la délicate mission d'assurer l'équilibre entre offre et demande sur le marché" devra in fine revenir aux pays producteurs.
"La balle est désormais dans le camp de l'Arabie Saoudite", premier exportateur mondial de brut et principal pays producteur à posséder d'importantes capacités de production excédentaires, confirmait Andrey Kryuchenkov, de VTB Capital.
Toutefois, "l'AIE va mettre sur le marché du brut léger et pauvre en soufre", d'une qualité comparable à celle de la production libyenne manquante et très appréciée des raffineurs, "et comme l'Arabie saoudite produit surtout un brut beaucoup plus lourd, les implications à long terme restent donc incertaines", ajoutait-il.
Par ailleurs, "à moyen terme, la décision de l'AIE pourrait être à double tranchant, et entraîner une remise en question par l'Arabie saoudite de sa promesse d'accroître rapidement sa production" de façon très significative, relevaient les analystes de Commerzbank.