🛢️ Pétrole: après d'intenses négociations, l'heure de vérité pour l'Opep+
Vont-ils fermer davantage les vannes d'or noir ou se contenter d'une reconduction de leur stratégie? La question agite les marchés.
A quelques heures de la réunion prévue par visioconférence, les cours voulaient croire à la première option, le Wall Street Journal évoquant une possible coupe volontaire supplémentaire de production jusqu'à un million de barils par jour.
Les 13 ministres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), menés par l'Arabie saoudite, se sont donné rendez-vous par visioconférence en fin de matinée heure de Vienne, siège du cartel. Ils seront rejoints par leurs dix partenaires conduits par la Russie à 15H00 (14H00 GMT), selon une source proche de l'alliance.
⤵ Impossible accord collectif?
Les négociations ont été intenses ces derniers jours alors que l'Arabie saoudite, qui fait le gros des coupes, tentait de convaincre les pays africains de partager le fardeau."L'Arabie saoudite attend la réponse des membres africains de l'alliance", réticents à abaisser leurs quotas de production en 2024, souligne une autre source. Tout en relativisant l'impact de ce désaccord sur l'alliance, soudée autour des deux piliers que sont Ryad et Moscou.
Parmi les réfractaires, l'Angola et le Nigeria veulent "accroître leur manne pétrolière", source de précieuses devises étrangères, rappelle Carsten Fritsch, de Commerzbank.
Les deux pays n'ont pas digéré les conclusions de la dernière réunion en juin, qui actaient une réduction de leurs objectifs de production. A l'inverse, les Emirats arabes unis ont été autorisés à ouvrir davantage le robinet de brut au vu de leur importante capacité de réserve.
Selon les analystes de DNB, un accord à l'échelle du groupe OPEP+ paraît donc peu probable. Ils tablent plutôt pour un maintien des quotas actuels, "la voie la plus facile à suivre".
A moins que l'Arabie saoudite ne décide de taper du poing sur la table et d'annuler ses propres coupes volontaires, pour faire pression sur ses partenaires.
⤵ Des coupes sans effet
Depuis fin 2022, l'OPEP+ garde sous terre environ 5 millions de barils par jour, jouant sur la raréfaction de l'offre pour tenter de faire remonter des prix minés par l'incertitude économique sur fond de taux d'intérêt élevés.L'alliance avait dans un premier temps sabré quelque 2 millions de barils, à l'occasion des retrouvailles des 23 membres à Vienne après une longue série de rencontres virtuelles pour cause de pandémie.
Puis en mai dernier, neuf membres, dont les Saoudiens et Russes, ont annoncé des coupes volontaires surprise pour un total de 1,6 million de baril quotidiens.
Et "gâterie saoudienne", selon l'expression du ministre de l'Energie du royaume, le prince Abdelaziz ben Salmane, Ryad a fermé un mois plus tard ses robinets à hauteur de 1 million de barils supplémentaires, décision prolongée de mois en mois jusqu'à fin 2023 et suivie dans une moindre mesure par la Russie.
Malgré ces annonces, rien n'y fait: même s'ils restent au-dessus de la moyenne des cinq dernières années, les cours des deux références du brut sont à peine plus élevés qu'en juin (+5% environ).
Ils évoluent désormais autour de la barre symbolique des 80 dollars, après une éphémère envolée à près de 100 dollars fin septembre.
(c) AFP