Poursuite de la flambée sur fond de craintes pour l'approvisionnement
Vers 12h30 GMT (13h30 HEC), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en avril s'échangeait à 114,79 dollars sur l'InterContinental Exchange (ICE) de Londres, en hausse de 3,54 dollars par rapport à la clôture de mercredi.
Vers 07h55, le Brent était monté jusqu'à 119,79 dollars, un sommet depuis le 22 août 2008, date depuis laquelle il n'a pas évolué au-dessus de 120 dollars.
Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en avril valait 100,88 dollars, grimpant de 2,78 dollars. En fin d'échanges asiatiques, le WTI avait atteint 103,41 dollars le baril, son niveau le plus élevé depuis fin septembre 2008.
"La poursuite des troubles en Afrique du Nord et au Moyen-Orient et le ralentissement de la production en Libye continuent de donner un fort coup de pouce aux cours du brut", observaient les analystes de Commerzbank.
La Libye, important producteur d'or noir, est le théâtre depuis dix jours d'une révolte populaire contre le dirigeant Mouammar Kadhafi, en place depuis 1969. La répression des manifestations dans le pays a déjà fait des centaines de morts.
Le groupe italien ENI, premier producteur étranger en Libye, a annoncé jeudi que sa production d'hydrocarbures a été réduite de plus de 50% à 120'000 barils par jour dans le pays, à cause des violences.
Plusieurs autres compagnies pétrolières opérant dans le pays avaient déjà fait état d'un ralentissement, voire d'une suspension de leurs activités, à l'instar des groupes allemand Wintershall, français Total et espagnol Repsol.
Membre de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), la Libye était en 2009 le quatrième producteur africain de pétrole, et l'un des vingt plus gros producteurs de pétrole au monde, selon l'agence américaine d'information sur l'énergie (EIA).
Au-delà des inquiétudes sur la production libyenne, l'irrésistible ascension des cours était surtout alimentée par le fait que "les investisseurs craignent que les soulèvements populaires en Egypte et en Tunisie, ainsi que les violences qui frappent la Libye, ne s'étendent au Moyen-Orient, avec des risques déjà importants à Bahreïn", expliquait Kathleen Brooks, analyste chez Forex.com.
Et la crainte principale des investisseurs est de voir l'Arabie saoudite, le premier producteur de l'Opep, touchée à son tour.
En une semaine, les troubles en Libye ont fait engranger aux cours du brut 19 dollars à Londres et près de 17 dollars à New York, "une ébauche de l'impact, sur une reprise économie mondiale toujours fragile, qu'aurait" une contagion de la contestation à l'Arabie saoudite, prévenait Mme Brooks.
En effet, l'envolée des prix du pétrole, qui pourraient selon certains analystes atteindre de nouveaux sommets historiques au-delà de 200 dollars le baril, accentue les tensions inflationnistes au niveau mondial, s'accordent à dire les observateurs.
Pour Olivier Jakob, analyste chez Petromatrix, en l'absence d'une hausse de la production de l'Opep pour contrer les risques qui pèsent sur les approvisionnements, une autre possibilité serait que la flambée des cours entraîne une baisse de la demande mondiale, ce qui viendrait peser sur les prix. Mais une telle situation "risquerait d'entraîner des conséquences dramatiques pour l'économie mondiale", mettait en garde M. Jakob.
cha
(AWP/24 février 2011 14h01)