Le pétrole s'enfonce, lesté par les stocks américains de brut
Vers 17H30 GMT (18H30 HEC), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en janvier, dont c'est le dernier jour d'utilisation comme contrat de référence, valait 37,31 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en baisse de 1,14 dollar par rapport à la clôture de mardi.
Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" (WTI) pour la même échéance perdait 1,57 dollar à 35,78 dollars.
Les cours du Brent et du WTI, qui avaient ouvert en baisse après leur rebond de la veille, ont creusé leurs pertes à la suite de la publication des derniers chiffres du département américain de l'Énergie (DoE) sur les réserves de brut aux États-Unis, qui ont fortement augmenté la semaine dernière.
"Les prix du brut ont perdu jusqu'à 2% après une hausse surprise des stocks américains hebdomadaires de pétrole. C'est la plus forte augmentation des réserves au mois de décembre en 22 ans", notait Jasper Lawler, analyste chez CMC Markets.
Lors de la semaine achevée le 11 décembre, les réserves commerciales de brut américain ont progressé de 4,8 millions de barils pour atteindre 490,7 millions de barils, alors que les experts interrogés par l'agence Bloomberg avaient tablé sur une baisse de 1,5 million de barils.
En revanche, la fédération professionnelle American Petroleum Institute (API) prévoyait une progression de 2,3 millions de barils des stocks de brut, moins élevée qu'elle ne s'est révélée dans les chiffres officiels.Avec une hausse de 1,7 million de barils, les réserves d'essence augmentent également largement plus qu'attendu, puisque les experts de Bloomberg prévoyaient une avancée de 1 million, et l'API de juste 100.000 barils.
Les stocks de produits distillés (diesel, fioul de chauffage, kérosène, etc.) ont également fortement grimpé, à hauteur de 2,6 millions de barils, alors que les experts de Bloomberg attendaient une progression de 2 millions de barils, et l'API un reflux de 1,8 million de barils.
Très surveillée par les analystes, la production américaine est repartie en hausse, progressant de 12.000 barils par jour, à 9,176 millions de barils par jour (mbj).
"Le rapport de l'Energy Information Agency (EIA, une antenne du DOE) a été une mauvaise nouvelle supplémentaire pour le pétrole, après que l'Agence internationale de l'Énergie (AIE) a indiqué la semaine dernière que l'excès mondial (de brut) ne serait pas résorbé avant la fin de l'année prochaine", commentait pour sa part Fawad Razaqzada, analyste chez Forex.com.
Selon l'analyste, l'augmentation potentielle de la production iranienne de pétrole en 2016 et la résistance que montre la production américaine de pétrole de schiste "signifie que le surplus sera même plus dur à éliminer".
En outre, soulignait M. Lawler, l'écart de prix entre le WTI coté à New York et le Brent échangé en Europe s'est resserré après la levée de l'embargo sur les exportations de pétrole américain, décidée mardi soir par la majorité républicaine à la Chambre des représentants.
Mais l'écart "s'est a nouveau creusé quand les deux contrats se sont repliés" dans le sillage des chiffres du DoE.
Plusieurs analystes estimaient toutefois que la levée de l'embargo ne devrait pas avoir beaucoup d'impact sur le marché mondial du pétrole dans la mesure où les États-Unis restent encore largement importateurs nets de brut et où le pétrole américain ne pourrait être compétitif que si le WTI restait meilleur marché que le Brent une fois pris en compte les coûts de transport, ce qui est pour l'instant loin d'être le cas.
Par ailleurs, le marché tentait de se positionner avant la décision attendue à 19H00 GMT de la Réserve fédérale américaine (Fed), et une probable remontée des taux d'intérêt avec pour conséquence presque mécanique une revalorisation du dollar de nature à peser sur des cours libellés en billets verts.
"Cela pourrait signifier des mauvaises nouvelles supplémentaires pour les matières premières libellées en dollars. Mais au milieu de toute cette morosité, il faut se méfier d'un mouvement d'achats surprise étant donné que, par exemple, les prix sont largement trop bas", prévenait M. Razaqzada.
(c) AFP