Le brut finit sur une nouvelle baisse à New York
reprise de vendredi soir
New York - Les prix du pétrole ont fini sur une très légère baisse vendredi à New York, incapables de rebondir après leur plongeon de la veille alors que les marchés se montrent de plus en plus inquiets de l'évolution de la croissance mondiale.
Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" pour livraison en septembre a terminé à 82,26 dollars, en recul de 12 cents par rapport à la veille. Il avait chuté de 5,20 dollars (5,9%) jeudi.
A Londres en revanche, sur l'IntercontinentalExchange, le baril de Brent de la mer du Nord échéance octobre a gagné 1,63 dollar à 108,62 dollars.
Les cours affichent une perte de 3,6% sur la semaine à New York. Ils ont connu vendredi une séance hésitante, suivant les mouvements des indices de la Bourse de New York, baromètre de la confiance des investisseurs en l'évolution de l'économie dans les mois à venir.
"Le marché boursier est reparti à la baisse, et donc le brut a suivi", a expliqué Matt Smith, de Summit Energy.
"Le marché continue d'avoir la gueule de bois en raison des indicateurs économiques (de jeudi aux Etats-Unis), qui étaient très, très mauvais", a-t-il ajouté.
Au lendemain de la publication de ces statistiques inquiétantes aussi bien sur l'emploi et l'immobilier que sur l'industrie, les banques JPMorgan et Wells Fargo ont révisé à la baisse leurs prévisions de croissance pour les Etats-Unis, premier pays consommateur d'or noir.
"Le marché pétrolier continue de suivre à la trace les marchés boursiers et les inquiétudes concernant l'économie", a observé Andy Lipow, de Lipow Oil Associates.
"On entend de plus en plus de gens parler de récession. Pour les consommateurs, cela peut se traduire par une prophétie auto-réalisatrice: s'ils s'inquiètent de la situation économique, ils vont réduire leurs dépenses", a-t-il expliqué.
Les intervenants du marché pétrolier craignent que la tempête financière actuelle ne mette un coup de frein à la demande d'énergie mondiale, alors que la bonne tenue de la consommation, ajoutée aux troubles dans le monde arabe, avait propulsé les cours à plus de 100 dollars au début de l'année.
L'American Petroleum Institute (API), fédération qui regroupe les industriels américains, a estimé vendredi que la consommation de produits pétroliers dans le pays s'affichaient en recul de 0,5% sur un an en juillet.
La demande d'essence n'avait jamais été aussi basse pour un mois de juillet depuis dix ans, a estimé l'API.
Les cours ont tout de même reçu le soutien d'un affaiblissement du dollar, mouvement qui tend à rendre le brut plus intéressant pour les acheteurs munis d'autres devises, et qui a permis au Brent, à Londres, de rebondir, a expliqué Matt Smith.
La différence entre les marchés new-yorkais et londoniens s'explique par ailleurs par "la faiblesse de l'économie aux Etats-Unis, qui contraste avec la solidité qu'affichent les fondamentaux (rapport entre offre et demande, NDLR) du marché du brut en Europe, en raison des perturbations dans la production en mer du Nord et en Libye", a poursuivi l'analyste.
"Juste au moment où une certaine stabilité revenait sur les marchés, après les fortes pertes causées par l'abaissement de la note des Etats-Unis par Standard & Poor's, les craintes d'un retour de la récession se renforcent à nouveau", ont constaté les analystes de Barclays Capital.
"Cela a provoqué un regain d'aversion pour le risque" de la part des investisseurs, "une tendance qui se poursuit" vendredi au début de séance, on-ils ajouté.
"Pour autant, si la crise de confiance persiste, nous ne la voyons pas encore se traduire par une crise sur le plan des fondamentaux" du marché pétrolier, c'est-à-dire sur le rapport entre l'offre et la demande, ont-ils tempéré.
rp
(AWP / 22.08.2011 06h22)