Le brut chute lourdement à l'unisson de Bourses en déroute
Vers 16H00 GMT (18H00 HEC), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en octobre, s'échangeait à 107,75 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en baisse de 2,85 dollars par rapport à la clôture de mercredi - après avoir lâché jusqu'à 3,60 dollars en cours d'échanges.
Sur le New York Mercantile Exchange, le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en septembre perdait 3,84 dollars, à 83,74 dollars.
"On a assisté à un désengagement massif des investisseurs des marchés boursiers, à la suite d'indicateurs américains très décevants, qui ont également pesé lourdement sur les marchés pétroliers", observait Myrto Sokou, analyste du courtier Sucden.
"Les prix du pétrole ignorent les tensions au Moyen-Orient et continuent de se focaliser sur marchés d'actions, pénalisés par le regain d'aversion pour les actifs jugés risqués et les très faibles indicateurs macroéconomiques du jour", renchérissait Harry Tchilinguirian, chef de la stratégie sur les matières premières chez BNP Paribas.
Déjà saisis par de vives inquiétudes sur la situation économique mondiale, les marchés ont été mis à terre jeudi par une salve d'indicateurs économiques médiocres aux Etats-Unis, premier consommateur mondial de brut.
Ainsi, les inscriptions au chômage ont augmenté la semaine dernière, les reventes de logements ont rechuté en juillet, et surtout, l'indice mesurant l'activité manufacturière de la région de Philadelphie (Nord-est des Etats-Unis) pour le mois d'août s'est effondré.
"Les craintes sur la demande énergétique américaine plombent les cours du baril; étant donné les perspectives économiques moroses du pays et les récentes hausses de ses stocks pétroliers, il faut s'attendre à ce que le WTI s'enfonce encore davantage au cours des prochaines semaines", relevait Mme Sokou.
La veille, le rapport hebdomadaire du Département américain de l'Energie (DoE) était déjà venu "doucher l'enthousiasme des opérateurs, avec une forte hausse des stocks américains de brut" sur la semaine achevée le 12 août, rappelait de son côté David Hufton, du courtier PVM.
Selon lui, outre les préoccupations sur la croissance américaine, les inquiétudes persistantes sur la zone euro devraient également continuer de hanter les marchés du pétrole, les mesures proposées mardi par les chefs d'Etat français et allemand n'ayant pas réussi à enrayer la défiance des investisseurs.
"Il n'y a pas besoin d'être eurosceptique pour être extrêmement préoccupé par la pente dangereuse sur laquelle la zone euro est engagée", remarquait-il.
Cependant, "les incertitudes sur l'offre de brut, les risques géopolitiques dans le monde arabe, un potentiel affaiblissement du dollar et la consommation toujours robuste des marchés émergents", en particulier la Chine, "pourraient soutenir une reprise des prix", tempérait M. Tchilinguirian.
"Mais tant que les marchés resteront en mode +aversion au risque+, ces facteurs auront du mal à faire effet et à soutenir les cours" du brut, reconnaissait-il.
rp
(AWP / 18.08.2011 18h31)