Les prix hésitent, dans un marché fébrile préoccupé par l'Europe
Vers 10H30 GMT (12H30 HEC), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en septembre s'échangeait à 108,24 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en hausse de 22 cents par rapport à la clôture de jeudi.
Dans les échanges électroniques du New York Mercantile Exchange, le baril de "light sweet crude" (WTI) pour la même échéance perdait 50 cents, à 85,22 dollars. L'écart entre les deux prix de référence se creusait ainsi à plus de 23 dollars, renouant avec les niveaux historiques enregistrés en juin.
"La reprise des prix du pétrole (amorcée jeudi) semble déjà terminée, et étant donné les perspectives économiques moroses des principaux pays consommateurs, il n'y a pas de raison d'être optimiste", soulignaient les analystes de Commerzbank.
"La croissance aux Etats-Unis a déjà sérieusement ralenti, la France a annoncé ce matin avoir enregistré une croissance nulle au deuxième trimestre, et les prêts ont été restreints davantage que prévu en Chine en juillet, ce qui va diminuer d'autant la consommation chinoise de brut", expliquaient-ils.
Après avoir terminé en nette hausse jeudi, pour la deuxième séance consécutive, à la faveur d'un rebond vigoureux des places boursières, les prix du pétrole peinaient vendredi à profiter de la bonne tenue des Bourses européennes.
Une légère appréciation du billet vert a par ailleurs pesé sur les cours jusqu'en début d'échanges européens, rendant moins attractifs les achats de brut libellés en dollars pour les investisseurs détenant d'autres devises.
"On a eu un marché extrêmement volatil cette semaine, et la nouvelle d'une croissance française stagnante n'a pas arrangé les choses", soulignait Bjarne Schieldrop, analyste de la banque SEB.
De fait, les inquiétudes sur la zone euro et la France en particulier, victime mercredi de rumeurs sur une possible dégradation de sa dette, continuaient d'agiter les opérateurs.
Annoncée jeudi soir, l'interdiction des ventes à découvert (mécanisme spéculatif complexe) sur les titres financiers en France, Belgique, Espagne et Italie ne rassurait pas les investisseurs: "d'habitude, ce genre de mesures ne restaure pas la confiance, et peut même aboutir à des mouvements de marché problématiques quand elles sont levées", notait Olivier Jakob, de Petromatrix.
Dans ce contexte, "face aux fortes incertitudes planant sur les marchés financiers, il ne faut pas s'attendre à ce qu'il y ait beaucoup d'acheteurs ce vendredi sur le pétrole", ajoutait M. Schieldrop, notant cependant que des indicateurs américains pourraient changer légèrement la donne.
Les opérateurs surveilleront ainsi les chiffres des ventes de détail aux Etats-Unis en juillet et le baromètre de confiance des consommateurs de l'Université du Michigan, tous deux publiés vendredi.
La récente chute des cours du pétrole, qui ont abandonné quelque 12 dollars depuis le 1er août, "devrait alimenter les spéculations sur une possible réunion d'urgence de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), une offre trop abondante pouvant conduire à faire baisser encore davantage les cours", concluait Commerzbank.
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(AWP / 12.08.2011 13h21)