Le brut continue sa chute après les commentaires de la Fed
New York - Les prix du pétrole se sont encore fortement repliés à New York mardi, s'affaiblissant à l'approche de la fin de la réunion de la Fed et accélérant ses pertes après les commentaires de la banque centrale, qui a confirmé les craintes des investisseurs sur la croissance.
Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" pour livraison en septembre a terminé à 79,30 dollars, en recul de 2,01 dollars par rapport à la veille.
A Londres, sur l'IntercontinentalExchange, le baril de Brent de la mer du Nord à échéance identique a perdu 1,17 dollar à 102,57 dollars. Il était tombé plus tôt à 98,74 dollars, son niveau le plus bas depuis le 8 février.
"Il est assez clair que (la Fed) a opté pour un ton plus négatif sur l'économie à la fois à court et moyen terme", a relevé John Kilduff, d'Again Capital.
La banque centrale américaine, dont le comité de politique monétaire se réunissait mardi, a annoncé qu'elle allait garder son taux d'intérêt directeur près de zéro "au moins jusque mi-2013" et qu'elle envisageait de nouvelles mesures de relance pour aider l'économie.
Ces décisions se justifiaient par une croissance "considérablement plus lente" qu'attendu et des risques qui "se sont accrus", selon le communiqué de la Réserve fédérale.
Le détail des mesures envisagées n'a pas été fourni. Il pourrait apparaître dans le compte-rendu de cette réunion que la Fed doit publier fin août.
"Après les révisions en baisse des chiffres du PIB (américain) il y a deux semaines et les inquiétudes qui ont saisi le marché sur ce à quoi va ressembler la demande de pétrole jusqu'à la fin de l'année, cela confirme beaucoup de craintes qui sont présentes", a indiqué John Kilduff.
Les investisseurs redoutent l'impact d'une croissance ralentie, voire d'une récession, aux Etats-Unis et dans le monde, sur la demande en énergie.
Les prix du pétrole avaient rebondi au cours d'une bonne partie de la séance, avant l'intervention de la Fed.
Le baril de pétrole avait notamment connu un impressionnant rebond après être tombé dans les échanges électroniques à 75,71 dollars, son plus bas niveau depuis la fin septembre. Il a ensuite ouvert à New York à plus de 81 dollars.
Il avait lundi abandonné plus de 6% de sa valeur, emporté dans la débâcle des marchés financiers qui avait suivi l'annonce de l'abaissement de la note de crédit des Etats-Unis par l'agence Standard and Poor's.
"Depuis plusieurs jours, le marché prend en compte dans les prix une croissance économique ralentie", a rappelé Phil Flynn, de PFG Best Research
Depuis la clôture du 26 juillet, le baril de "light sweet crude" a lâché plus de 20 dollars.
La chute des prix pendant les échanges asiatiques avait été alimentée, outre par les fortes chutes des marchés boursiers de la région, par des indicateurs mitigés en provenance de Chine.
La production industrielle a augmenté de 14% en juillet sur un an, un petit tassement. Surtout, la surprise est venue de l'accélération de l'inflation, montée à son plus haut niveau depuis plus de trois ans.
Cette hausse des prix fait craindre à certains un nouveau resserrement de la politique monétaire des autorités chinoises, qui pourrait ralentir la croissance du deuxième plus gros consommateur de pétrole dans le monde.
Les craintes pour l'économie ont été relevées par l'EIA, l'agence gouvernementale américaine d'information sur l'énergie, dans son rapport mensuel.
"Il y a un risque important à la baisse pour les prix du pétrole si les inquiétudes autour de l'économie et des marchés financiers s'étendent ou s'ancrent", a observé l'EIA, émanation du département de l'Energie.
rp
(AWP / 10.08.2011 06h21)