Le bénéfice net annuel de Shell fond avec le cours des hydrocarbures
A 19,4 milliards de dollars, le bénéfice net part du groupe est toutefois supérieur aux attentes du marché.
Le résultat reflète "une baisse des prix" du pétrole et du gaz mais aussi des volumes et des marges de raffinage", a indiqué le groupe dans un communiqué.
Comme les autres majors du secteur, Shell avait profité un an plus tôt de la flambée des prix des hydrocarbures dans un marché bouleversé par la reprise économique postpandémie et l'invasion russe de l'Ukraine. Les cours ont reflué depuis ces sommets, même s'ils restent à des niveaux élevés.
Shell avait réalisé en 2022 le bénéfice annuel le plus élevé de son histoire.
Le bénéfice net ajusté de Shell (hors exceptionnel), le ratio le plus suivi par les analystes, a quant à lui baissé de 29% à 28,3 milliards de dollars. Sur le seul quatrième trimestre, le bénéfice net de Shell a chuté de 93% à 474 millions de dollars.
Shell avait prévenu début janvier de lourdes dépréciations, notamment dans la division de produits dérivés et chimie, liés à ses installations à Singapour.
Pour autant "nous avons connu une autre année de très bonnes performances, générant le deuxième flux de trésorerie d'exploitation le plus élevé de l'histoire de Shell, malgré l'incertitude et la volatilité externes", a salué le directeur général Wael Sawan, dans une vidéo publiée jeudi après les résultats.
"Dans ce qui a été une année difficile pour les majors pétrolières, Shell a terminé sur une note positive, les chiffres du quatrième trimestre dépassant les attentes malgré des bénéfices en baisse", selon Richard Hunter, analyste de Interactive Investor.
"Malgré les tensions géopolitiques actuelles", notamment autour de la mer Rouge, qui soutiennent les prix du pétrole, "l'environnement économique incertain à l'échelle mondiale rend la situation de la demande floue", ajoute-t-il.
⤵ La transition passe après les rendements
"Quelles que soient ses paroles sur son engagement en faveur de la transition énergétique, le PDG Wael Sawan a clairement indiqué qu'il était prêt à donner la priorité aux rendements plutôt qu'à tout engagement vers la neutralité carbone alors qu'il cherche à réduire l'écart de valorisation avec ses rivaux américains", selon Russ Mould analyste chez AJ Bell.Le géant pétrolier était notamment revenu en juin sur l'engagement de réduire sa production de brut de 1 à 2% par an. Il présentera le 14 mars une mise à jour de sa stratégie de transition énergétique.
Il s'agit "d'une seule et même stratégie" et après s'être focalisé en juin sur "davantage de valeur" pour les actionnaires, le groupe se concentrera en mars "sur l'aspect +moins d'émissions+", a assuré M. Sawan jeudi lors d'une conférence d'analyste.
Mais si le groupe a investi 5,6 milliards de dollars dans les énergies à faible émission de carbone l'an dernier, ses efforts se focaliseront sur les domaines qui lui permettront de "créer la valeur qu'attendent (ses) actionnaires", et il ne faut pas s'attendre en mars à "une série de nouveaux objectifs" en matière de transition, a ajouté le dirigeant.
Shell a annoncé jeudi un programme de rachat d'actions de 3,5 milliards de dollars et une hausse de 4% de son dividende au 4e trimestre. Ses distributions totales aux actionnaires en 2023 se sont élevées à 23 milliards de dollars.
Cela tirait son action à la Bourse de Londres, qui progressait de 2,37% à 2.505 pence jeudi vers 16H15 GMT.
Cela suscitait aussi l'ire des organisations écologistes. "Il est temps de mettre fin à la fête des combustibles fossiles", appelle dans un communiqué Maja Darlington de Greenpeace UK. Des militants de l'ONG ont manifesté jeudi matin devant le siège du groupe.
Un groupe d'actionnaires minoritaires de Shell a par ailleurs annoncé en janvier une résolution en vue de l'assemblée générale visant à contraindre le groupe à définir un objectif de réduction de ses émissions en conformité avec l'Accord de Paris.
(c) AFP