Le pétrole flambe après des coupes choc de production
Au total, huit des 23 membres de l'OPEP+, qui réunit l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) et ses partenaires, sont concernés, avec au premier rang l'Arabie saoudite.
Mais pour les analystes, il s'agit surtout d'engranger "des revenus" supplémentaires, a commenté dans une note Jorge Leon, de Rystad Energy.
Ces coupes montrent que l'OPEP+ fera tout pour "défendre un prix plancher bien supérieur à 80 dollars le baril", dit-il, sans se soucier des critiques des États-Unis et autres pays consommateurs, inquiets de l'inflation galopante.
Les cours du brut sont en effet tombés en mars au plus bas en deux ans, "un niveau inacceptable pour les membres de l'OPEP+", explique à l'AFP Ibrahim al-Ghitani, expert du marché pétrolier, basé aux Emirats.
Ils avaient subi le contrecoup de la crise bancaire aux États-Unis, qui a éloigné les investisseurs des matières premières et autres actifs à risque, plus volatils.
⤵ "Réductions réelles"
Après cette action concertée des gros producteurs d'or noir, la réaction des marchés a été immédiate: les deux références mondiales ont décollé d'environ 8% en début de séance, renouant avec leur niveau d'avant les tumultes du secteur bancaire.Vers 13H00 GMT (15H00 HEC), le Brent BRENT Le Brent ou brut de mer du nord, est une variation de pétrole brut faisant office de référence en Europe, coté sur l'InterContinentalExchange (ICE), place boursière spécialisée dans le négoce de l'énergie. Il est devenu le premier standard international pour la fixation des prix du pétrole. de la mer du Nord, référence européenne du brut, grimpait de 5,77% à 84,50 dollars le baril, et son équivalent américain, le WTI WTI Le West Texas Intermediate (WTI), aussi appelé Texas Light Sweet, est une variation de pétrole brut faisant office de standard dans la fixation du cours du brut et comme matière première pour les contrats à terme du pétrole auprès du Nymex (New York Mercantile Exchange), la bourse spécialisée dans l'énergie., bondissait de 5,70% à 79,98 dollars le baril.
L'Irak, l'Algérie, l'Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, Oman, le Kazakhstan, le Koweït et le Gabon vont donc procéder à partir du mois prochain à d'importantes réductions, et ce jusqu'à fin 2023. Elles vont de 500.000 barils par jour (bpj) pour Ryad à 8.000 bpj pour Libreville.
🇷🇺 Moscou a pour sa part prolongé sa mesure de réduction de 500.000 bpj jusqu'à fin 2023.
Au total, le volume laissé sous terre sera "d'environ 1,66 million de barils quotidiens", a précisé l'OPEP+.
"La plupart des réductions seront effectuées par des pays qui produisent au niveau ou au-dessus des quotas" fixés, ce qui implique "des réductions réelles de l'offre" et un resserrement du marché, ont souligné les analystes de DNB.
D'autres pays pourraient également "annoncer leurs propres coupes s'ils le jugent (...) nécessaire", selon le vice-Premier ministre chargé de l'Energie Alexandre Novak, interrogé par la télévision russe Rossiya 24.
⤵ "C'est leur affaire"
Et contrairement aux mesures similaires prises par l'OPEP+ devant la pandémie ou les craintes de récession, cette fois la demande mondiale de pétrole augmente.La Chine, le pays le plus gourmand en or noir, rouvre en effet son économie après s'être repliée sur elle-même pendant la pandémie de Covid-19.
Cette annonce vient s'ajouter à ce qui avait déjà été décidé en octobre, à savoir une baisse du volume de deux millions de bpj. Il s'agissait alors de la plus importante réduction depuis l'émergence du Covid-19.
C'est un nouveau revers pour Washington, qui plaide pour une ouverture des robinets d'or noir afin de contenir les prix, estime Caroline Bain, de Capital Economics.
D'un point de vue géopolitique, ces réductions témoignent en outre "du soutien du groupe à la Russie", qui bénéficiera ainsi de meilleurs prix pour compenser l'impact des sanctions occidentales.
Le Kremlin a défendu lundi une décision prise "dans l'intérêt" du marché mondial, pour maintenir les cours "au bon niveau", selon le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov.