Le brut poursuit son recul, au plus bas depuis mi-février à Londres
Vers 10H00 GMT (12H00 HEC), le baril de Brent de la Mer du Nord pour livraison en août s'échangeait à 104,09 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, perdant 1,03 dollar par rapport à la clôture de vendredi.
Il était descendu au cours des échanges asiatiques jusqu'à 102,28 dollars, son plus bas niveau depuis le 18 février.
Dans les échanges électroniques du New York Mercantile Exchange, le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en août, reculait de 53 cents à 90,63 dollars.
Le marché restait sous le choc de la décision de l'AIE, dévoilée jeudi, de mettre à disposition 60 millions de barils de brut tirés des stocks stratégiques de ses Etats-membres, une annonce qui avait fait dégringoler les cours du Brent de quelque 10 dollars sur les seules séances de jeudi et vendredi.
"L'AIE va apporter au marché une offre supplémentaire de 2 millions de barils par jour sur le prochain mois, c'est davantage que la production libyenne manquante", commentaient les analystes de Commerzbank, relevant que le marché abandonnait les gains réalisés depuis le début de la guerre en Libye.
"De leur côté, les pays du Golfe ne souhaitent apparemment pas réduire leur production (en dépit de la décision de l'AIE), ce qui signifie que le marché sera surapprovisionné dans les prochaines semaines, tirant encore plus les prix vers le bas", ont-ils poursuivi.
Des prévisions révisées de grandes banques américaines étaient de nature à conforter ce scénario: JP Morgan a ainsi abaissé sa prévision de cours de 130 à 100 dollars le baril pour le troisième trimestre, tandis que Goldman Sachs table sur un baril de Brent autour de 105 ou 107 dollars au cours du prochain mois.
"Cette décision très inhabituelle de l'AIE reflète les sérieuses inquiétudes sur la robustesse de l'économie mondiale", menacée par les cours élevés du brut, ont souligné les experts de JBC Energy.
Les craintes des opérateurs sur un ralentissement de la reprise économique dans les pays industrialisés étaient par ailleurs alimentées par les soubresauts de la crise grecque, et le risque d'une contagion aux autres pays fragiles de la zone euro.
"Un nouveau chapitre de la tragédie grecque se jouera cette semaine avec le vote des mesures d'austérités nécessaires pour la suite de l'aide internationale. L'impact combiné de l'AIE et de la Grèce ont fait chuter le Brent de 2,50 dollars ce matin", expliquait Tamas Varga, du courtier PVM.
Tandis que la colère gronde en Grèce où une grève générale est prévue à partir de mardi, le gouvernement grec s'est dit confiant sur l'adoption parlementaire d'un nouveau plan de rigueur, auquel l'aide de la zone euro et du Fonds monétaire international (FMI) est conditionnée.
Cependant, les tensions sur l'offre à plus long terme persistent, "et cela signifie que l'action de l'AIE pourrait bientôt perdre de son efficacité", tempéraient les experts de JBC Energy.
"La question est de savoir ce que fera l'AIE une fois que les prix seront remontés de 10 à 15 dollars, et si elle puisera à nouveau dans ses stocks", s'interrogeaient-ils.