Pétrole et Iran au menu du dîner entre Macron et "MBS" à l'Elysée
Après une première étape en Grèce, celui que l'on surnomme "MBS" est convié à un dîner de travail à l'Elysée avec le président français, tout juste de retour d'une tournée en Afrique.
En décembre dernier à Djeddah, Emmanuel Macron avait été le premier dirigeant occidental à rencontrer le prince depuis le meurtre du journaliste Jamal Khashoggi en 2018 dans lequel Riyad est soupçonné d'avoir joué un rôle, ce que nient les autorités saoudiennes.
"On n'a pas besoin de réhabiliter un prince meurtrier, on a surtout besoin de porter un langage des droits humains", a déclaré sur France Inter la secrétaire générale d'Amnesty International, Agnès Callamard. "Il n'y a plus que ces marchandages qui comptent, on n'entend plus parler du reste."
Alors que la crise énergétique et alimentaire se fait chaque jour plus aiguë, les dirigeants occidentaux se rapprochent des pouvoirs régionaux pour contrer l'influence de la Russie malgré les préoccupations en matière de droits humains.
Emmanuel Macron s'est entretenu ces derniers jours à Paris avec le président des Émirats arabes unis Mohammed ben Zayed Al Nahyane puis avec le président égyptien Abdel Fattah Al-Sissi, sans rencontre avec la presse.
La France et d'autres pays européens cherchent à diversifier leurs sources d'énergie après l'invasion de l'Ukraine par la Russie, qui a cessé d'approvisionner l'Europe en gaz.
Dans ce contexte, les Occidentaux veulent convaincre Riyad d'ouvrir les vannes du pétrole, dont le royaume est le premier producteur mondial, afin de faire baisser les prix.
Jusqu'ici, le dirigeant saoudien a refusé d'accroître la production pour respecter son engagement vis-à-vis de l'OPEP, que Riyad co-dirige avec Moscou, répétant que son pays était au maximum de ses capacités avec une faible marge de progression.
Autre sujet au menu du dîner : le nucléaire iranien, à l'heure où les pourparlers entre les grandes puissances et l'Iran pour relancer l'accord de 2015 sont au point mort. L'Arabie saoudite, grand rival de l'Iran, craint que Téhéran ne devienne une puissance nucléaire et s'inquiète de plus en plus de ses activités dans la région.La rencontre de l'Elysée signe une nouvelle étape du retour de Mohammed ben Salmane sur la scène internationale, moins de deux semaines après la visite du président américain Joe Biden en Arabie saoudite.
La mini-tournée européenne du prince vise à "évoquer les relations bilatérales et les moyens de les renforcer dans différents domaines", ont souligné les autorités saoudiennes en annonçant le voyage.
(c) Reuters