Sommée de pomper plus, l'Opep+ ne devrait cette fois pas surprendre
"Nous ne prévoyons pas de surprise", note Jeffrey Halley, chez Oanda, évoquant "une simple formalité".
Rendez-vous devenu quasi mensuel depuis la pandémie de Covid-19 qui a bousculé les marchés, les treize membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), menés par Ryad, et leurs dix partenaires conduits par Moscou (OPEP+) se retrouvent à 11H00 GMT par visioconférence à Vienne, siège de l'alliance.
Jusque là, et depuis le printemps 2021, le cartel s'était limité à des hausses modestes de ses quotas dans le but de retrouver graduellement ses niveaux pré-Covid.
"Théâtre politique"
Mais l'effort consenti n'a pas suffi tant les États-Unis et l'Union européenne (UE) sont en mal de pétrole du fait de l'instauration d'un embargo sur les livraisons russes.
La France a de nouveau appelé lundi les pays producteurs à augmenter leur volume de "manière exceptionnelle" afin de freiner l'envolée des prix à la pompe provoquée par la guerre en Ukraine.
Le sujet sera également au menu de la visite du président américain Joe Biden mi-juillet en Arabie saoudite.
Edward Moya, d'Oanda également, ne se fait cependant guère d'illusions: "c'est du théâtre politique, ce voyage n'aboutira pas à une hausse significative au-delà de ce qui a déjà été décidé", estime-t-il.
Et même si l'alliance cédait aux appels, "elle n'en aurait pas la capacité", poursuit l'expert, rappelant que de nombreux pays de l'OPEP+ "sont soumis à des sanctions internationales ou souffrent de problèmes de production".
Résultat, les quotas fixés sont rarement atteints.
⤵ Membres sur la touche
Cible des États-Unis et de l'UE depuis l'invasion de l'Ukraine, la Russie a rejoint le rang des pays indésirables placés sous sanctions, aux côtés de l'Iran et du Venezuela.Quant à la Libye, autre membre de l'alliance, elle est en proie à une longue et grave crise politico-institutionnelle, mettant aux prises deux gouvernements rivaux.
La production pétrolière, principale source de revenus, est l'otage de ces divisions avec de nombreux sites fermés de force.
D'autres nations comme le Nigeria, le Congo ou la Guinée équatoriale font figure de mauvais élèves, le manque d'investissement dans les infrastructures pétrolières au plus fort de la pandémie les empêchant d'atteindre leurs objectifs.
Même les premiers de la classe - les Emirats arabes unis et l'Arabie saoudite - auraient du mal à doper leur volume, selon des propos rapportés cette semaine par le président français Emmanuel Macron.
"Si cela s'avère exact, cela signifie que la production de pétrole de l'OPEP+ en juillet et août n'augmentera pas davantage malgré l'accord récent", s'inquiète Stephen Brennock, de PVM Energy.
Devant cette impasse, des analystes craignent que seule une récession fasse fléchir les prix.
(c) AFP