Embargo pétrolier: les 27 étudient l'exemption d'un oléoduc clé pour Budapest
Cette proposition avancée par les institutions européennes et la France, qui exerce le présidence tournante de l'UE, prévoit un embargo sur le pétrole russe livré par bateaux d'ici la fin de l'année, en excluant "pour le moment" celui acheminé via l'oléoduc Droujba, qui approvisionne notamment la Hongrie, la Slovaquie et la République tchèque, a-t-on indiqué dans l'entourage de la Commission.
"La question de Droujba sera abordée de nouveau rapidement", a-t-on assuré de source européenne.
Dans un contexte où le plan de relance post-Covid de Budapest reste bloqué par Bruxelles en raison de manquements à l'Etat de droit en Hongrie, il paraîtrait difficile de lui accorder des fonds européens.
La nouvelle proposition soumise aux ambassadeurs des Etats membres n'a pas fait l'objet d'un accord dimanche, et une nouvelle réunion aura lieu lundi matin avant l'ouverture du sommet prévue à 16H00 (14H00 GMT), et qui doit prendre fin mardi à la mi-journée.
⤵ Equité
L'exemption pose notamment un "problème d'équité" entre les Etats pour leurs achats de pétrole, qui a été soulevée par certains d'entre eux, selon cette source.
"J'espère que nous pourrons arriver à un accord demain, mais je ne suis pas certain, cela dépendra des dirigeants eux-mêmes", a pour sa part estimé un diplomate européen. L'adoption des sanctions requiert l'unanimité des Vingt-Sept.
"En ciblant le pétrole transporté par mer, on frapperait au moins les 2/3 des exportations de pétrole russe", a fait valoir le responsable européen. Les sanctions de l'UE visent à tarir le financement de l'effort de guerre menée par la Russie contre l'Ukraine.
Pour l'UE, la facture des importations de pétrole russe (80 milliards d'euros) a été quatre fois plus importante que celle de gaz en 2021.
"Un embargo limité qui exclurait les oléoducs sera beaucoup moins douloureux pour la Russie de Poutine, car trouver de nouveaux clients approvisionnés par tankers est beaucoup moins difficile", pointe cependant Thomas Pellerin-Carlin de l'Institut Jacques Delors.
"Caillou dans la chaussure", "éléphant dans la pièce": les Européens redoutent que l'absence d'accord sur ces nouvelles sanctions ne jette une ombre sur la réunion des chefs d'Etat et de gouvernement, et ils ont accéléré les consultations ces derniers jours.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky doit intervenir au début du sommet par visioconférence alors que Kiev met la pression sur les Occidentaux pour "tuer les exportations russes" après plus de trois mois d'offensive.
Outre l'embargo pétrolier, le paquet de sanctions vise également l'exclusion de la plus importante banque russe, Sberkank (37% du marché), et de deux autres établissements bancaires du système financier international Swift, ainsi qu'un élargissement de la liste noire de l'UE à une soixantaine de personnalités.
Les dirigeants doivent aussi discuter de la nécessité d'assurer des liquidités de l'Ukraine pour continuer à faire fonctionner son économie (la Commission a proposé une aide allant jusqu'à 9 milliards d'euros en 2022) ainsi que de la sécurité alimentaire, en raison notamment du blocage des exportations de céréales ukrainiennes, alors que le continent africain redoute une crise.
La reconstruction de l'Ukraine, pour laquelle l'UE veut jouer le premier rôle, sera également à l'ordre du jour. Kiev a évalué récemment l'ampleur des destructions (routes, infrastructures) à 600 milliards de dollars.
(c) AFP