Les prix du pétrole poursuivent leur repli
Peu avant 08h00, le baril de Brent BRENT Le Brent ou brut de mer du nord, est une variation de pétrole brut faisant office de référence en Europe, coté sur l'InterContinentalExchange (ICE), place boursière spécialisée dans le négoce de l'énergie. Il est devenu le premier standard international pour la fixation des prix du pétrole. de la mer du Nord pour livraison en juillet abandonnait 1,19% à 104,68 dollars, après avoir plongé lundi soir de pas loin de 6% à 105,94 dollars. Quant aux 159 litres de West Texas Intermediate (WTI WTI Le West Texas Intermediate (WTI), aussi appelé Texas Light Sweet, est une variation de pétrole brut faisant office de standard dans la fixation du cours du brut et comme matière première pour les contrats à terme du pétrole auprès du Nymex (New York Mercantile Exchange), la bourse spécialisée dans l'énergie.) américain, ils se négociaient à 101,94 dollars, en baisse de 1,12%, après avoir dégringolé de 6,08% à 103,09 la veille en soirée.
Le marché pétrolier est effrayé "par les craintes d'un ralentissement de la demande chinoise et la perspective d'une hausse des taux d'intérêt dans le monde", explique Victoria Scholar, analyste chez Interactive investor. Les exportations de la Chine ont connu en avril un tassement inédit depuis 2020, sur fond de confinement de Shanghai qui pénalise lourdement l'activité et de durcissement des restrictions sanitaires à Pékin.
"La probabilité que les mesures de confinement actuelles conduisent à l'éradication du virus en Chine et donc à des réouvertures sûres semble très, très mince", souligne également Bjarne Schieldrop, analyste chez Seb. "La logique veut que toute réouverture soit suivie d'une nouvelle flambée d'infections, puis de nouvelles fermetures, tant que les responsables politiques s'en tiennent au scénario actuel" du zéro Covid, fait valoir l'analyste.
La Chine représente le deuxième plus grand consommateur et le premier importateur de pétrole brut au monde. Les données publiées lundi ont néanmoins montré que les importations chinoises de pétrole avaient augmenté en avril (+0,7%) par rapport à mars.
Demande plutôt qu'offre
"Pour l'essentiel, les matières premières sont libellées en dollars", a rappelé l'analyste, "donc plus il est fort, plus les matières premières sont chères pour les économies dont la monnaie n'est pas le dollar". Le yuan est notamment tombé lundi à son plus bas niveau depuis octobre 2020 face au dollar, tandis que le yen, devise d'un autre importateur majeur de pétrole, le Japon, a lui retrouvé des profondeurs plus fréquentées depuis vingt ans.
Les observateurs ignorent pour l'heure la perspective d'un embargo de l'Union européenne sur le pétrole russe, qui avait tiré le marché la semaine dernière, de même que l'engagement du Japon, durant le week-end, à cesser ses propres importations russes. Ces dernières ne représentent que 4% du total de l'or noir acheté par le pays du soleil levant à l'étranger.
En outre, sur le marché américain, des signes témoignent toujours de tensions inédites sur les produits raffinés. Le gasoil a ainsi de nouveau battu son record historique lundi à 5,54 dollars le gallon (3,78 litres), en hausse de 78% sur un an.
Dans un contexte de volatilité extrême, "c'est une course entre récession et réduction de l'offre", chaque facteur prenant, à son tour, l'ascendant sur l'autre et dictant la direction des prix, selon Stephen Schork. "Mais en ce début de semaine, les marchés sont concentrés sur la destruction de l'offre et la récession."
(c) AFP