Le pétrole Brent au-dessus de 110 dollars, poussé par le projet d'embargo
Le contrat de référence pour le prix du baril de Brent BRENT Le Brent ou brut de mer du nord, est une variation de pétrole brut faisant office de référence en Europe, coté sur l'InterContinentalExchange (ICE), place boursière spécialisée dans le négoce de l'énergie. Il est devenu le premier standard international pour la fixation des prix du pétrole. de la mer du Nord, avec échéance en juillet, a gagné 4,92% pour finir à 110,14 dollars, son plus haut niveau depuis deux semaines et demi. Le baril de West Texas Intermediate (WTI WTI Le West Texas Intermediate (WTI), aussi appelé Texas Light Sweet, est une variation de pétrole brut faisant office de standard dans la fixation du cours du brut et comme matière première pour les contrats à terme du pétrole auprès du Nymex (New York Mercantile Exchange), la bourse spécialisée dans l'énergie.) américain pour livraison en juin, a lui pris 5,27%, à 107,81 dollars.
Pour Andy Lipow, du cabinet Lipow Oil Associates, "le marché s'est relancé avec la baisse des stocks américains" de produits pétroliers, mais surtout "la décision de l'UE d'aller vers un embargo sur le pétrole russe".
Lors d'une première réunion mercredi, plusieurs Etats membres ont exprimé leur "préoccupation" vis-à-vis du projet, a confié un diplomate européen à l'AFP.
Bien que s'étant vue proposer une dérogation, comme la Slovaquie, la Hongrie a d'entrée rejeté le texte, qu'elle dit ne pas pouvoir soutenir "dans sa forme actuelle", selon le ministre hongrois des Affaires étrangères, Peter Szijjarto.
"Dans la mesure où l'unanimité est requise (pour adopter le projet), il est probable que cela aboutisse à une version très édulcorée, compte tenu de la position actuelle de la Hongrie", a estimé, dans une note, Bjornar Tonhaugen, analyste du cabinet Rystad Energy.
Les opérateurs s'inquiétaient au moins autant d'un autre volet du projet qui prévoit l'interdiction pour les navires européens de transporter du pétrole ou des produits raffinés russes.
"Ces sanctions sur les navires devraient peser sur les exportations russes beaucoup plus tôt que le délai de six mois évoqué par l'Union européenne", avertit Andy Lipow.
Leur spectre pourrait, en outre, aller au-delà des seules cargaisons vers l'UE et toucher une bonne partie du transport de pétrole en provenance de Russie, toutes destinations confondues, y compris l'Asie, en bonne partie assuré par des tankers européens.
Pour Andy Lipow, les cours ont aussi été renforcés par la baisse marquée des stocks américains de brut (-1,8 million de barils en net), le recul des réserves stratégiques faisant plus que compenser l'augmentation des stocks commerciaux (+1,3 million), selon le rapport hebdomadaire de l'Agence américaine d'information sur l'énergie (EIA).
Autre élément de soutien au marché, la diminution importante des stocks d'essence et de produits distillés, principalement du gasoil, déjà à des niveaux faibles, du fait du ralentissement du raffinage.
Les stocks pourraient encore se replier d'ici fin mai, prévient Andy Lipow, car de nombreuses raffineries américaines font l'objet d'opérations de maintenance.
Les intervenants attendaient avec flegme la réunion des ministres membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) et de leurs alliés de l'accord OPEP+, jeudi.
"Le marché a déjà intégré l'idée qu'ils vont simplement continuer à suivre leur plan", qui prévoit une augmentation d'environ 400.000 barils par jour d'un mois sur l'autre.
(c) AFP