Washington va puiser dans les réserves de pétrole pour lutter contre l'inflation
Le président américain a prévu de faire un discours à 13H30 (17H30 GMT) sur les mesures prises par ses services "pour réduire l'impact de la hausse des prix de l'énergie causée par Poutine et baisser les prix de l'essence à la pompe pour les familles américaines".
Selon plusieurs médias américains, le locataire de la Maison Blanche pourrait annoncer que l'administration va relâcher jusqu'à 1 million de barils par jour des réserves stratégiques du pays.
Si cela se confirme, "ce serait un montant record", remarque John Kilduff, spécialiste du marché pétrolier pour la société Again Capital.
Les prix du brut coté à Londres comme à New York, qui ont flambé depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie, un des plus gros acteurs du marché pétrolier, s'affichaient en baisse d'environ 4% jeudi.
Les réserves stratégiques américaines de pétrole ont été créées en 1975 pour contrecarrer les chocs pétroliers.
Enfouies dans d'immenses cavernes de sel allant jusqu'à 800 mètres de profondeur le long de la côte du Golfe du Mexique, elles peuvent emmagasiner jusqu'à 714 millions de barils d'or noir mais en comptent actuellement 568 millions de barils.
L'administration américaine puise déjà de façon continue dans ces réserves stratégiques depuis l'automne, lorsque la hausse des prix du pétrole s'est installée: elle avait annoncé en novembre vouloir débloquer 50 millions de barils, puis de nouveau 30 millions début mars.
Marché inondé de nouvelles
Selon le dernier indicateur en date, l'indice PCE publié jeudi par le département du Commerce, les prix à la consommation ont continué leur escalade en mars en progressant de 6,4% sur un an et 0,6% sur un mois.
A l'approche des élections législatives de mi-mandat, à l'automne, la Maison Blanche a fait de la lutte contre cet emballement des prix l'une de ses priorités.
Puiser encore plus dans les réserves stratégiques peut aider mais "le marché est actuellement inondé des nouvelles faisant bouger les prix à la hausse ou à la baisse", rappelle John Kilduff.
L'initiative de l'administration Biden aurait d'autant plus d'impact si "d'autres pays montent aussi au créneau", souligne le spécialiste en regrettant que les membres de l'OPEP+ "ne bougent pas pour l'instant le petit doigt".
Les treize membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), menés par Ryad, et leurs dix alliés conduits par Moscou (OPEP+), ont de fait convenu jeudi d'une nouvelle ouverture de leurs vannes d'or noir mais très modeste: de l'ordre de 432.000 barils par jour pour le mois de mai.
La communauté internationale avait pourtant multiplié les appels pour qu'ils forent plus allègrement et ainsi calment la volatilité des prix.
Le pétrole a en effet tutoyé le 7 mars ses records historiques de prix atteints lors de la crise financière de 2008, dépassant les 130 dollars le baril avant de redescendre entre 100 et 110 dollars actuellement.
Le prix de l'essence à la pompe aux États-Unis a dépassé son pic de 2008, bien au-dessus de 4 dollars le gallon (3,78 litres).
(c) AFP