Le pétrole repasse les 110 dollars, dopé par un possible embargo européen sur le pétrole russe
Le baril de Brent BRENT Le Brent ou brut de mer du nord, est une variation de pétrole brut faisant office de référence en Europe, coté sur l'InterContinentalExchange (ICE), place boursière spécialisée dans le négoce de l'énergie. Il est devenu le premier standard international pour la fixation des prix du pétrole. de la mer du Nord pour livraison en mai a clôturé en forte hausse de 7,12% à 115,62 dollars, son plus haut niveau depuis dix jours.
Le baril de West Texas Intermediate (WTI WTI Le West Texas Intermediate (WTI), aussi appelé Texas Light Sweet, est une variation de pétrole brut faisant office de standard dans la fixation du cours du brut et comme matière première pour les contrats à terme du pétrole auprès du Nymex (New York Mercantile Exchange), la bourse spécialisée dans l'énergie.), variété américaine de référence, pour livraison en avril, a lui terminé en progression de 7,08%, à 112,12 dollars, au-dessus de 110 dollars pour la première fois depuis presque deux semaines.
À son arrivée, le ministre irlandais des Affaires étrangères, Simon Coveney, s'est dit "ouvert" à la possibilité de restrictions visant le secteur russe de l'énergie, jusqu'ici relativement épargné. Vu la situation en Ukraine, a-t-il expliqué, il serait pertinent "d'interrompre le commerce normal" du pétrole et du gaz naturel avec la Russie.
Il faisait écho au président ukrainien Volodymyr Zelensky, qui a appelé lundi l'Union européenne à refuser les ressources énergétiques de la Russie.
"La question d'un embargo sur le pétrole n'est pas de savoir si nous le voulons ou pas, mais dans quelle mesure nous sommes dépendants de ce pétrole", a rétorqué son homologue allemande, Annalena Baerbock.
Allemagne et Pays-Bas, de loin les pays de l'Union les plus dépendants des approvisionnements russes, en reçoivent, en moyenne, 1,1 million de barils par jour à eux deux.
Le Kremlin a quant à lui averti plus tôt lundi qu'un potentiel embargo européen sur le pétrole russe frapperait "tout le monde", au moment où l'Union européenne doit étudier, lors d'une réunion, la possibilité de nouvelles sanctions contre Moscou.
"La possibilité de sanctions supplémentaires contre la Russie, déjà appliquées par les acheteurs occidentaux" constitue "un risque colossal" et pourrait encore doper les cours, confirme Stephen Innes de SPI Asset Management.En attendant l'OPEP
"Je pense que ça va être dur pour que toute l'UE accepte" un embargo, a estimé James Williams, du cabinet WTRG Economics.Pour Andrew Lebow, associé du cabinet Commodity Research Group, seule une détérioration encore plus marquée du conflit pourrait "peut-être faire bouger les Allemands" sur le sujet.
Un embargo total de l'UE priverait la Russie de débouchés pour 2,5 à 3 millions de barils par jour, selon les sources, et l'Europe d'un quart de ses besoins en or noir.
"Ça ne se remplace pas du jour au lendemain", prévient Andrew Lebow. "Cela prendrait du temps et, en attendant, les stocks sont déjà très faibles."Embargo ou pas, la fonte des livraisons de pétrole russe à l'Europe est déjà à l'oeuvre, pouvoirs publics, compagnies privées et transporteurs cherchant souvent à ne pas en approcher, par crainte d'un durcissement des sanctions ou d'être vilipendés par l'opinion.
D'un demi-million de barils en moins actuellement du fait de ce phénomène, l'Europe pourrait voir les volumes diminuer d'un million à 1,5 million de barils par jour en avril, selon Andrew Lebow.
"La demande grimperait pour le pétrole d'autres pays de l'OPEP+", à savoir les membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole et leurs alliés de l'accord OPEP+, a expliqué, dans une note, Susannah Streeter, d'Hargreaves Lansdown."Mais le problème, c'est qu'ils ne sont déjà pas au niveau aujourd'hui", a-t-elle ajouté, rappelant que l'OPEP+ avait manqué de plus d'un million de barils par jour son objectif de production au mois de février.
Premier exportateur de brut au monde et chef de file de l'OPEP, l'Arabie saoudite a mis en garde lundi contre le risque d'une baisse de ses approvisionnements, en raison des attaques des rebelles du Yémen voisin contre ses installations pétrolières.
Le pays avait annoncé dimanche une "réduction temporaire" de sa production de pétrole dans l'une des installations du géant Aramco, touchée par une attaque des rebelles Houthis du Yémen.Les Houthis ont lancé plusieurs attaques nocturnes aux drones et aux missiles contre des cibles en Arabie saoudite, le pays étant à la tête d'une coalition militaire au Yémen qui soutient depuis 2015 le pouvoir face aux Houthis, soutenus par l'Iran.
"L'Arabie saoudite n'assumera pas la responsabilité de toute pénurie d'approvisionnement en pétrole sur les marchés mondiaux au regard des attaques sur ses installations pétrolières", a déclaré le ministère des Affaires étrangères.