Lourde chute pour le pétrole avec l'ouverture diplomatique de l'Ukraine
Déjà orientés en baisse, les prix ont franchement fléchi après la sortie du chef de l'Etat ukrainien, qui a déclaré au site du quotidien allemand Bild que "des compromis (pouvaient) être faits" pour parvenir à une solution diplomatique au conflit qui frappe son pays.
Le baril de Brent BRENT Le Brent ou brut de mer du nord, est une variation de pétrole brut faisant office de référence en Europe, coté sur l'InterContinentalExchange (ICE), place boursière spécialisée dans le négoce de l'énergie. Il est devenu le premier standard international pour la fixation des prix du pétrole. de la mer du Nord pour livraison en mai a lâché 13,15%, pour finir à 111,14 dollars, tandis que le West Texas Intermediate (WTI WTI Le West Texas Intermediate (WTI), aussi appelé Texas Light Sweet, est une variation de pétrole brut faisant office de standard dans la fixation du cours du brut et comme matière première pour les contrats à terme du pétrole auprès du Nymex (New York Mercantile Exchange), la bourse spécialisée dans l'énergie.) américain, pour livraison en avril, a lui cédé 12,12%, à 108,70 dollars.
"Chaque fois que les prix partent fermement dans une direction, les gens cherchent un élément déclencheur pour prendre leurs bénéfices", a commenté Michael Lynch, président du cabinet Strategic Energy & Economic Research (SEER).
"Et l'idée que nous pourrions avoir la paix, ou au moins un cessez-le-feu, signifierait moins de sanctions", a-t-il ajouté, alors que le conflit sur le terrain ne montre aucun signe de ralentissement.
Le président Joe Biden a annoncé mardi un embargo sur les importations américaines de pétrole russe, tandis que le Royaume-Uni s'est engagé à y parvenir d'ici la fin de l'année.
Et même si aucun des principaux clients de la Russie n'a pris de mesure similaire, le pétrole russe fait déjà l'objet d'une forme d'embargo. Acteurs privés ou publics craignent ainsi d'être rattrapés par les sanctions ou l'opprobre s'ils acceptent les exportations russes.
" Coup de balai "
Plus tôt mercredi, les cours avaient connu un premier soubresaut après un commentaire de l'ambassadeur des Émirats arabes unis aux États-Unis, Youssef Al Otaïba, qui a déclaré que les Émirats étaient "favorables à une hausse de la production" de pétrole et allaient "encourager" en ce sens l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP).Robert Yawger, responsable des contrats à terme sur l'énergie chez Mizuho Securities, estime que les Émirats arabes unis pourraient pomper 800.000 barils de plus par jour. "Cela met la pression sur les Saoudiens pour faire la même chose", a-t-il réagi.
Parmi les rares membres du groupe OPEP+ (OPEP et ses alliés), avec les Émirats, à disposer de capacités inutilisées, l'Arabie saoudite pourrait, elle, contribuer à hauteur de deux millions de barils supplémentaires par jour, selon l'analyste.
Les membres de l'OPEP+ s'étaient, jusqu'ici, refusés à accélérer leur production pour soulager le marché, se tenant au relèvement graduel de 400.000 barils par jour chaque mois avec l'objectif de retrouver, fin 2022, des volumes similaires à ceux d'avant la pandémie de coronavirus.
Durant cette séance un peu folle, le marché "n'a même pas prêté attention", selon Robert Yawger, à l'annonce d'une baisse sensiblement plus importante que prévu des stocks de brut américains, qui ont reculé de 1,8 million de barils contre 1,25 million attendu. En temps normal, la publication aurait été de nature à soutenir les cours.
La séance de mercredi a marqué la première vraie correction du marché après près de deux semaines de guerre en Ukraine, qui avaient vu le prix du Brent BRENT Le Brent ou brut de mer du nord, est une variation de pétrole brut faisant office de référence en Europe, coté sur l'InterContinentalExchange (ICE), place boursière spécialisée dans le négoce de l'énergie. Il est devenu le premier standard international pour la fixation des prix du pétrole. grimper de 32%.
"Les prix étaient beaucoup trop élevés", a expliqué Robert Yawger, "donc il n'en fallait pas beaucoup pour que certains, notamment les spéculateurs les moins solides, abandonnent le navire. Il fallait un coup de balai."Mais il est "prématuré" d'anticiper un vrai repli prolongé, "dans la mesure où les risques de perturbations à court terme sur l'offre demeurent extrêmement élevés", a prévenu, dans une note, Edward Moya, analyste d'Oanda.
"Les acheteurs pourraient revenir" si l'espoir de négociations en vue d'un cessez-le-feu s'amenuisaient, a-t-il ajouté.
Malgré la possibilité d'une augmentation de la production mondiale, la trajectoire des cours dépend toujours "de ce qui se passe avec l'Ukraine et la Russie", a abondé Robert Yawger.
(c) AFP