Pétrole: l'Opep+ encline à rester prudente malgré des prix records
Comme en janvier, les analystes s'attendent à une légère ouverture des vannes, à hauteur de 400'000 barils par jour supplémentaires, selon Tamas Varga, analyste chez PVM Energy, interrogé par l'AFP.
Les représentants des treize membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) et leurs dix alliés via l'accord OPEP+ se retrouveront tout d'abord au sein du Comité ministériel conjoint de suivi (JMMC), avant la rencontre plénière par visioconférence prévue à 13H00 GMT (14H00 à Paris et à Vienne, siège du cartel).
L'OPEP+ n'a ensuite pas dévié de sa ligne malgré les appels à l'automne de la Maison Blanche à desserrer davantage le robinet d'or noir afin de calmer la flambée des cours.
Et l'ascension fulgurante des prix ces dernières semaines ne semble pas devoir changer la donne.
Depuis la dernière réunion de l'organisation, le prix du baril de West Texas Intermediate (WTI WTI Le West Texas Intermediate (WTI), aussi appelé Texas Light Sweet, est une variation de pétrole brut faisant office de standard dans la fixation du cours du brut et comme matière première pour les contrats à terme du pétrole auprès du Nymex (New York Mercantile Exchange), la bourse spécialisée dans l'énergie.) a grimpé de plus de 14% et celui du Brent BRENT Le Brent ou brut de mer du nord, est une variation de pétrole brut faisant office de référence en Europe, coté sur l'InterContinentalExchange (ICE), place boursière spécialisée dans le négoce de l'énergie. Il est devenu le premier standard international pour la fixation des prix du pétrole. de plus de 11%, les deux références du brut atteignant en janvier des sommets inédits depuis plus de sept ans.
Des gains amenés à "s'accentuer", estime Victoria Scholar, experte pour Interactive Investor, sous l'effet combiné d'une demande solide et d'une "mentalité OPEP+ visant à augmenter l'offre au compte-gouttes".
Le marché est en outre dopé par de fortes tensions géopolitiques qui impliquent des mastodontes de la production et de l'exportation d'or noir - la Russie, l'Arabie saoudite et les Emirats arabes unis.
Et font planer des menaces sur l'approvisionnement.
Les Emirats arabes unis ont encore intercepté lundi un missile balistique lancé par les rebelles Houthis du Yémen, la dernière attaque en date contre ce pays du Golfe qui fait partie d'une coalition militaire dirigée par Ryad.
Mais c'est une autre escalade qui occupe tous les esprits: les tensions sont au plus haut entre Moscou et les Occidentaux au sujet de l'Ukraine, près de laquelle la Russie a massé des dizaines de milliers de soldats et des armements lourds.
"Tant que la situation s'aggrave, cette crise géopolitique ne peut que continuer à faire monter" les prix, estime pour l'AFP Neil Wilson, de Markets.com.
D'autant que parallèlement, l'OPEP+ peine à atteindre ses quotas.
"Cela fait des mois que le cartel ne parvient pas à appliquer intégralement les hausses de production qu'il se fixe", fait remarquer Carsten Fritsch, de Commerzbank.
En décembre, le volume total de l'OPEP+ n'a augmenté que de 90.000 barils par jour, bien loin de l'objectif fixé à 400.000 barils, selon une enquête de l'agence Bloomberg.
Pour Louise Dickson, analyste chez Rystad Energy, l'alliance des 23 détient la clé pour équilibrer "un marché pétrolier en mal d'offre" et stopper la surchauffe des prix.
"La seule solution à court terme devra être pilotée par l'Arabie saoudite, le producteur qui dispose de la plus grande capacité de réserve", souligne-t-elle.
(c) AFP