Pétrole: l'Opep+ conserve une ligne prudente malgré le retour en grâce des prix
Alors que les analystes s'attendaient à des divergences entre les deux poids lourds de l'alliance, la Russie et l'Arabie saoudite, la réunion a été bouclée en moins de trois heures et a débouché sur la décision de n'augmenter qu'à la marge la production d'or noir le mois prochain.
Les deux pays exemptés pourront augmenter leur offre d'un total de 150.000 barils quotidiens pour satisfaire sa demande intérieure quand Ryad maintiendra son retrait volontaire et supplémentaire d'un million de barils par jour le mois prochain.
Au total, l'alliance a donc convenu de laisser sous terre près de 7 millions de barils quotidiens en mars, contre 7,125 millions de barils quotidiens en février puis 7,05 millions en mars, des coupes qui restent très importantes.
Vigilance
Ce sommet, qui rassemble les vingt-trois membres de l'OPEP et leurs partenaires, se tenait par vidéoconférence pour cause de pandémie de Covid-19."L'incertitude qui entoure le rythme de la reprise (économique et par ricochet celle de la demande d'or noir, ndlr) n'a pas diminué. Il est difficile de faire des prévisions dans un environnement aussi imprévisible, j'en appelle donc à la prudence et à la vigilance", avait averti en préambule le ministre saoudien de l'Energie Abdelaziz ben Salmane.
Son homologue russe, pourtant d'habitude prompt à appeler au retour à la normale, a tenu des propos similaires à l'issue de la réunion.
Comme l'ont souligné les deux ministres, si les perspectives économiques sont meilleures, la vitesse de la reprise de la demande reste soumise à beaucoup d'aléas, dont le succès des campagnes de vaccination qui sont à certains endroits poussives.
Dans son rapport mensuel mi-février, l'Agence internationale de l'énergie (AIE) a jugé que le rééquilibrage du marché pétrolier restait "fragile" en début d'année et avertissait sur la propagation des nouveaux variants du coronavirus.
Bon accord
La différence d'approche entre les deux poids lourds de l'accord avait été largement gommée depuis près d'un an tant les cours étaient bas, mais les experts craignaient que le retour en grâce des prix à un niveau comparable à la période précédant la pandémie, soit autour de 65 dollars le baril pour les deux références européenne et américaine, n'accentue les tensions.Mais l'heure était à l'entente: "Nous avons un bon accord", s'est félicité Abdelaziz ben Salmane. "Ce consensus nous permet d'aller de l'avant".
Lors de son dernier sommet en janvier, les négociations avaient été âpres. L'OPEP+ avait finalement convenu d'ouvrir petit à petit les vannes jusqu'en mars, usant ainsi avec doigté de son principal pouvoir: jouer du robinet d'or noir pour garder la main sur l'équilibre entre offre et demande.
L'alliance avait connu à la même époque l'an dernier, avec en toile de fond le début de pandémie, un mélodrame ouvrant sur une courte mais intense guerre des prix.
Car les sujets chauds ne manquent pas au sein de l'alliance: en vrac le respect des quotas par chacun des membres, gage de sérieux et de crédibilité de l'accord, ou la concurrence américaine, qui bénéficie elle aussi de la remontée des prix.
Cette décision était accueillie très favorablement par le marché, qui s'attendait à ce que l'alliance augmente son offre dans des proportions autrement plus importantes.
Les deux cours de référence de part et d'autre de l'Atlantique, le Brent BRENT Le Brent ou brut de mer du nord, est une variation de pétrole brut faisant office de référence en Europe, coté sur l'InterContinentalExchange (ICE), place boursière spécialisée dans le négoce de l'énergie. Il est devenu le premier standard international pour la fixation des prix du pétrole. et le WTI WTI Le West Texas Intermediate (WTI), aussi appelé Texas Light Sweet, est une variation de pétrole brut faisant office de standard dans la fixation du cours du brut et comme matière première pour les contrats à terme du pétrole auprès du Nymex (New York Mercantile Exchange), la bourse spécialisée dans l'énergie., grimpaient de plus de 5% vers 18H00 GMT (19H00 à Paris), retrouvant des prix plus vus depuis plus d'un an, le 8 janvier 2020.
(c) AFP