L'Opep+ face à une équation à plusieurs inconnues
Ce sommet, qui rassemble les vingt-trois membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) et leurs alliés, réunis sous la bannière OPEP+, est le deuxième de l'année.
Le rythme de rencontres s'est accéléré ces derniers mois en écho à l'ampleur du choc de la pandémie de Covid-19 pour les producteurs de pétrole.
"Il existe au sein de l'alliance une divergence d'opinions majeure sur la capacité du marché pétrolier à absorber de nouveaux volumes" de brut, résume Bjarne Schieldrop, analyste de Seb. Ryad "penche pour la prudence" quand Moscou "défend l'augmentation de l'offre", explique-t-il.
Cette différence d'approche avait été largement gommée depuis près d'un an tant les cours étaient bas, mais le retour en grâce des prix à un niveau comparable à la période précédant la pandémie, soit autour de 65 dollars le baril pour les deux références européenne et américaine, a de quoi accentuer les tensions.
Marché "fragile"
Mardi, le secrétaire général de l'OPEP Mohammed Barkindo adoptait un entre-deux en évoquant une attitude "optimiste mais prudente" en marge d'une réunion technique du cartel.
Dans son rapport mensuel mi-février, l'Agence internationale de l'énergie (AIE) a jugé que le rééquilibrage du marché pétrolier restait "fragile" en début d'année et avertissait sur la propagation des nouveaux variants du coronavirus.
Lors de son dernier sommet en janvier, l'alliance OPEP+ avait convenu après deux jours d'âpres négociations d'ouvrir petit à petit les vannes jusqu'en mars, usant ainsi avec doigté de son principal pouvoir: jouer du robinet d'or noir pour garder la main sur l'équilibre entre offre et demande.
La Russie et le Kazakhstan avaient obtenu d'assurer seuls l'augmentation progressive de la production du groupe quand l'Arabie saoudite créait la surprise en réduisant la sienne d'un million de barils quotidiens supplémentaire.
Au total, l'alliance laisse sous terre 7,05 millions de barils quotidiens en mars, des coupes qui restent très importantes.
Le groupe serait tenté de poursuivre sa politique d'augmentation graduelle de la production, s'accordent nombre d'observateurs de marchés, qui évoquent une quantité de 500.000 barils par jour réinjectée en avril, à laquelle s'ajouterait le retour en partie, voire entier, du million de barils quotidien retiré par Ryad en février et mars.
Mais le consensus n'est jamais acquis au sein de l'alliance qui avait connu à la même époque l'an dernier, avec en toile de fond le début de pandémie, un mélodrame ouvrant sur une courte mais intense guerre des prix.
Surtout que les sujets chauds ne manquent pas: en vrac le respect des quotas par chacun des membres, gage de sérieux et de crédibilité de l'accord, ou la concurrence américaine, qui bénéficie elle aussi du retour en grâce des prix.
Sera sans doute aussi évoqué le retour sur le marché de la production iranienne en cas d'assouplissement des sanctions américaines, rendu plus probable depuis l'arrivée du démocrate Joe Biden à la Maison Blanche.
En préambule mercredi, les ministres du club de producteurs se sont réunis à l'occasion du désormais mensuel Comité de suivi de l'accord en vigueur de réduction de la production du groupe (JMMC). Contrairement au précédent début février, aucun communiqué n'a été publié à son issue.
(c) AFP