Total produira davantage d'hydrocarbures jusqu'en 2030 pour suivre la demande
"Nous n'anticipons pas de baisse de la demande en pétrole et gaz avant 2030", a expliqué Patrick Pouyanné lors d'une intervention à l'occasion d'un cycle de conférences de l'industrie du pétrole qui, Covid-19 oblige, se tient par visioconférence et non à Londres comme jusqu'à l'an dernier.
En conséquence, Total envisage de passer sa production quotidienne d'équivalent pétrole et gaz de 3 millions de barils actuellement à 4 millions d'ici 2030, grâce au renfort attendu du gaz naturel liquéfié (GNL) et du renouvelable.
"La transition énergétique doit être faite mais elle prendra du temps car les énergies renouvelables sont coûteuses à mettre en oeuvre", a continué le patron du géant énergétique, qui s'est engagé à atteindre la neutralité carbone d'ici 2050.
Mais s'il reste "prudent" pour l'année en cours, M. Pouyanné attend une augmentation des rentrées d'argent de Total puisqu'"une augmentation du prix du baril de 10 dollars apporte 3,2 milliards de flux de trésorerie" à l'entreprise, a-t-il expliqué.
Or le baril de Brent BRENT Le Brent ou brut de mer du nord, est une variation de pétrole brut faisant office de référence en Europe, coté sur l'InterContinentalExchange (ICE), place boursière spécialisée dans le négoce de l'énergie. Il est devenu le premier standard international pour la fixation des prix du pétrole., la référence européenne, est passé d'un peu plus de 35 dollars début novembre, juste avant l'annonce des vaccins contre le Covid-19, à 65 dollars ces jours-ci.
Le sujet du "pic pétrolier" ("peak oil" en anglais) est largement discuté au sein de l'industrie, beaucoup d'acteurs se demandant si la demande va vraiment rebondir ces prochaines années au-delà d'un maximum qui aurait été atteint en 2019.
Pendant longtemps, les experts ont cherché à déterminer le moment où les réserves mondiales de pétrole commenceraient à décliner. Aujourd'hui ils s'interrogent surtout sur le moment où c'est la demande qui commencera à basculer.
En attendant, les finances des majors ont souffert l'an dernier. Total a par exemple annoncé au début du mois une perte nette de 7,2 milliards de dollars en 2020, contre un bénéfice de 11,2 milliards en 2019, en raison de dépréciations et des cours bas du pétrole du fait de la crise sanitaire.
Ses concurrents européens et américains ont partagés des résultats semblables.
Le groupe a par ailleurs comme projet de marquer sa diversification au-delà du pétrole en adoptant un nouveau nom: TotalEnergies. Présenté à l'occasion des résultats annuels ce mois-ci, il sera proposé aux actionnaires au printemps.
(c) AFP