Pétrole: l'AIE ne voit pas de pic de la demande sans décisions politiques fortes
"L'ère de la croissance mondiale de la demande de pétrole va prendre fin ces dix prochaines années mais en l'absence de grand changement dans les politiques des gouvernements, je ne vois pas de signes d'un pic de la demande mondiale de pétrole", a déclaré M. Birol lors d'une conférence virtuelle.
Dans son rapport annuel publié mardi matin, l'AIE indique ainsi que selon deux de ses scénarios (celui qui extrapole à partir des politiques et des engagements actuels et celui qui imagine une reprise économique plus tardive), la consommation pétrolière doit certes atteindre un plateau au tournant des années 2030, mais sans entamer ensuite un repli marqué.
Mais à court terme, "avec le rebond économique mondial nous allons assister à un rebond de la demande pétrolière" en l'absence de décision politique, a souligné M. Birol.
Le scénario qui se fonde sur les politiques actuelles prévoit ainsi un retour du pétrole à ses niveaux d'avant-crise d'ici à 2023.
Le patron de la compagnie nationale saoudienne Aramco, Amin Nasser, qui s'exprimait mardi dans le cadre d'un forum énergétique, prévoit pour sa part un rebond encore plus rapide.
"Ma prédiction c'est que l'on sera remis, je l'espère, d'ici 2022. Même si je sais que l'AIE parle de 2023", a-t-il dit. "Le pire est clairement derrière nous" sur le marché.
"La vitesse de la reprise dépendra d'une éventuelle seconde vague et de son importance", a ajouté le patron de la première compagnie mondiale.
L'AIE a par ailleurs relativisé l'impact des changements de comportements, soulignant par exemple que certaines habitudes (comme le recours plus important à la voiture individuelle) pouvaient en compenser d'autres (comme la baisse du transport aérien).
"Cette année, 2,5% des voitures vendues dans le monde étaient électriques mais environ 42% étaient des SUV", ces 4x4 urbains plus polluants, a encore souligné Fatih Birol.
L'AIE prévoit cette année une baisse de 7% des émissions de CO2 liées au secteur de l'énergie mais envisage également un rebond.
"Le monde est loin de faire assez pour mettre (ces émissions) sur le chemin d'un déclin structurel", a jugé M. Birol.
(c) AFP