Le brut poursuit sa baisse, dans un marché suspendu à la crise grecque
Vers 16H00 GMT (18H00 à Paris), le baril de Brent de la Mer du Nord pour livraison en août s'échangeait à 112,27 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en baisse de 94 cents par rapport à la clôture de vendredi.
Sur le New York Mercantile Exchange, le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en juillet, dont c'est le dernier jour comme contrat de référence, perdait 21 cents, à 92,80 dollars.
Il limitait ses pertes après avoir touché en début d'échanges européens 91,14 dollar, son plus bas niveau depuis fin février.
"Les marchés restent sous pression, alors que l'euro continue de fluctuer au gré des déclarations contradictoires (de responsables européens) sur la Grèce", expliquait Olivier Jakob, de la société suisse Petromatrix.
Les ministres des Finances de la zone euro ont conditionné dimanche le déblocage d'une nouvelle tranche d'aide à la Grèce à l'adoption par le Parlement grec de "législations-clés" sur les mesures d'austérité et les privatisations, et pourraient décider de finaliser cette aide lors d'une réunion extraordinaire prévue le 3 juillet.
En dépit de cette perspective, les marchés restaient dominés par une forte nervosité, les cours ne parvenant pas à tirer parti d'un renversement de tendance en milieu d'échanges européens. Le billet vert est en effet reparti en légère baisse face à l'euro, un mouvement traditionnellement de nature à favoriser les achats de brut libellé en dollars pour les investisseurs munis d'autres devises.
"Il n'y a pas de doute: le principal facteur dominant l'euro et les prix du pétrole actuellement, ce sont les inquiétudes sur les dettes souveraines en zone euro", confirmait Philip Wiper, analyste du courtier PVM.
"Le spectre de la contagion (de la crise grecque aux autres pays jugés fragiles de la zone euro) hante les esprits, les coûts de l'assurance contre un défaut de paiement de la Grèce, de l'Irlande et du Portugal atteignent des niveaux records", ajoutait-il.
Certains analystes redoutent ainsi un "effondrement à la Lehman Brothers", du nom de la banque américaine dont la faillite à l'automne 2008 avait précipité la plus grande crise financière mondiale depuis 1929, "plongeant dans la tourmente les marchés boursiers et les prix des matières premières", relevait M. Wiper.
Un éventuel défaut de paiement de la Grèce déstabiliserait le secteur bancaire de la zone euro, qui détient une partie importante de la dette du pays.
Par ailleurs, les investisseurs continuaient de s'interroger sur la robustesse de la demande énergétique aux Etats-Unis, premier consommateur mondial de brut, sur fond de ralentissement sensible de sa croissance économique.
"Des indicateurs montrent que la demande pétrolière américaine faiblit. Selon le Département américain des transports, les conducteurs américains ont parcouru 2,4% de distance en moins qu'un an auparavant sur les autoroutes du pays", rapportaient lundi les experts de Commerzbank.
"Et, étant donné la récente envolée des prix du carburant, il ne faut pas attendre d'amélioration pour mai, ni pour le début de la saison estivale des grands déplacements en voiture", estimaient-ils.