Shell et Total dépensent 90% vers les fossiles, malgré leurs engagements
Avec des émissions combinées équivalentes à celles de l'Allemagne, quatrième puissance économique mondiale, les deux groupes vont probablement "pas être à la hauteur" de leurs propres objectifs d'investissements durables, estime le groupe de réflexion IEEFA (Institute for Energy Economics and Financial Analysis).
De nombreux industriels se sont engagés à réduire leurs émissions de CO2 pour s'aligner sur l'accord de Paris qui vise à limiter le réchauffement au maximum à +2°C par rapport à l'ère pré-industriel.
Ainsi, Shell, qui prévoit une baisse de ses émissions de 65% d'ici à 2050, dépense 3 à 5% de ses investissements dans les renouvelables, et ne remplira pas son objectif de 4 à 6 milliards de dollars par an destinés aux projets d'énergies vertes pour 2020, selon l'IEEFA.
Selon un porte-parole du groupe, Shell n'avait pas d'objectif précis lié aux investissement dans les renouvelables, tout en précisant avoir dépensé 55% de ses investissements dans la transition énergétique (gaz naturel et biocarburants inclus).
"Nous soutenons pleinement l'accord de Paris et la nécessité d'une transition vers une société bas-carbone, et nous sommes engagés à jouer notre rôle", indiqué le porte-parole à l'AFP.
Quant à Total, qui s'est engagé à la neutralité carbone en Europe en 2050, son objectif d'installer 25 gigawatts de capacité d'énergies renouvelables d'ici à 2025 aura bien du mal à être atteint, selon l'IEEFA.
L'IEEFA reconnaît que les deux géants ont fait des progrès, mais estime qu'ils devraient investir bien plus dans les énergies vertes: chacun 10 milliards de dollars par an dans les renouvelables (environ 50% de leurs investissements en capitaux).
"Il est difficile de voir comment l'une ou l'autre entreprise parviendra à la transformation massive affichée en termes d'intensité carbone [quantité de CO2 émise par unité d'énergie produite] sans s'éloigner radicalement des investissements dans le pétrole et le gaz", a commenté Clark Butler, auteur de l'étude.
Le rapport souligne par ailleurs que lorsque l'utilisation de leurs produits par le consommateur final (périmètre dit "scope 3") est pris en compte, Shell et Total sont "parmi les plus importants contributeurs" à la concentration des gaz à effet de serre dans l'atmosphère.
(c) AFP