Le brut se replie, toujours plombé par les incertitudes sur la Grèce
Vers 10H00 GMT (12H00 à Paris), le baril de Brent de la Mer du Nord pour livraison en août s'échangeait à 111,52 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en baisse de 1,65 dollar par rapport à la clôture de vendredi.
Dans les échanges électroniques du New York Mercantile Exchange, le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en juillet, dont c'est le dernier jour comme contrat de référence, lâchait 1,25 dollar, à 91,76 dollars, après avoir touché un peu plus tôt 91,14 dollar, son plus bas niveau depuis fin février.
"Les marchés restent sous pression, alors que l'euro continue de fluctuer au gré des déclarations contradictoires (de responsables européens) sur la Grèce", expliquait Olivier Jakob, de la société suisse Petromatrix.
"Certains opérateurs se préparaient vendredi à ce qu'un accord intervienne ce week-end au niveau de l'Union européenne pour apporter une nouvelle aide immédiate à la Grèce, mais il a finalement été seulement décidé d'attendre encore un mois", poursuivait-il.
Les ministres des Finances de la zone euro ont ouvert la voie dimanche au versement d'ici mi-juillet d'une aide supplémentaire à la Grèce, toujours menacée de faillite, à condition qu'Athènes renforce de manière sensible les mesures d'austérité dans le pays.
Le renforcement du dollar, face à un euro miné par la crise grecque, contribuait à tirer vers le bas les prix du baril, l'achat de brut libellé dans la monnaie américaine devenant moins attractif pour les investisseurs munis d'autres devises.
"Il n'y a pas de doute que le principal facteur dominant l'euro et les prix du pétrole actuellement, ce sont les inquiétudes sur les dettes souveraines en zone euro", confirmait Philip Wiper, analyste du courtier PVM.
"Le spectre de la contagion (de la crise grecque aux autres pays fragiles de la zone euro) hante les esprits, les coûts de l'assurance contre un défaut de paiement de la Grèce, de l'Irlande et du Portugal atteignent des niveaux records", ajoutait-il.
Certains analystes redoutent ainsi un "effondrement à la Lehman Brothers", du nom de la banque américaine dont la faillite à l'automne 2008 avait précipité la plus grande crise financière mondiale depuis 1929, "entraînant dans la tourmente les marchés boursiers et les prix des matières premières", relevait M. Wiper.
Par ailleurs, les investisseurs continuaient de s'interroger sur la robustesse de la demande énergétique aux Etats-Unis, premier consommateur mondial de brut et marqué par un sensible ralentissement de sa croissance économique.
"Des indicateurs montrent que la demande pétrolière américaine faiblit. Selon le Département américain des transports, les conducteurs américains ont parcouru 2,4% de distance en moins qu'un an auparavant sur les autoroutes du pays", rapportaient les experts de Commerzbank.
"Et étant donné l'envolée des prix du carburant jusqu'à la mi-mai, il ne faut pas s'attendre à d'amélioration pour mai ou le début de la saison estivale des grands déplacements en voiture", estimaient-ils.