L'économie russe s'apprête à plonger face à l'épidémie et à la crise pétrolière
Du fait des mesures de confinement prises en Russie depuis le 28 mars, l'activité économique et la demande sont à l'arrêt. La Russie, très dépendante de ses exportations de brut, est également particulièrement touchée par une crise sans précédent du marché pétrolier.
Elle prévoit donc une baisse du PIB comprise entre 4 et 6% en 2020, avant de se reprendre avec une croissance de 2,8-4,8% en 2021 et de 1,5-3,5% en 2022.
Selon les prévisions de la Banque centrale, le prix moyen du baril de pétrole "Oural", ressource clé de la Russie, devrait être de 27 dollars cette année (contre 55 dollars prévus jusqu'à présent), un niveau faible pour faire tourner le moteur de l'économie, avant de se reprendre à 35 dollars en 2021 et 45 dollars en 2022.
Le marché du pétrole a traversé ces dernières semaines des turbulences inédites, s'effondrant alors que les restrictions de déplacements dans de nombreux pays et la paralysie de nombreuses économies ont fait fondre la demande. Vendredi, le baril de Brent BRENT Le Brent ou brut de mer du nord, est une variation de pétrole brut faisant office de référence en Europe, coté sur l'InterContinentalExchange (ICE), place boursière spécialisée dans le négoce de l'énergie. Il est devenu le premier standard international pour la fixation des prix du pétrole. s'échangeait autour de 32 dollars le baril.
Le pétrole a entrainé le rouble dans sa chute. Ce dernier s'est désormais stabilisé - à environ 74 roubles pour un dollar et 80 roubles pour un euro - notamment grâce à d'importantes ventes de devises étrangères par la Banque centrale depuis plusieurs semaines.
Effondrement des exportations russes
Mais les exports russes, selon la Banque centrale, devraient s'effondrer en 2020 à 250 milliards de dollars, contre 419 milliards l'an passé, entraînant un déficit commercial, les importations devant elles s'établir à 207 milliards.La baisse du PIB prévue cette année est "plus importante qu'en 2014 mais moins qu'en 2008", a commenté sur Twitter Tatiana Evdokimova, économiste en chef pour la Russie de la banque Nordea, comparant la situation aux deux dernières crises économiques majeures qu'a connues le pays.
La Banque centrale s'attend par ailleurs à des déficits des comptes courants deux années consécutives, en 2020 et en 2021, "ce qui n'est jamais arrivé dans l'histoire russe moderne", remarque Mme Evdokimova.
Selon les analystes de Capital Economics, "l'Europe émergente connaîtra sa plus forte baisse du PIB réel cette année depuis l'effondrement de l'Union soviétique".
Elle a justifié ce choix par une inflation qui - après une hausse limitée et temporaire provoquée par la chute du rouble et des ruées sur certains produits de consommation - devrait subir des pressions négatives sur les prix face à une demande sévèrement déprimée à plus long terme.
Après le plongeon prévu cette année, "l'activité économique devrait se reprendre progressivement à mesure que la situation liée au coronavirus se normalisera", a tempéré la Banque centrale.
"Le rythme de la reprise économique dépendra en grande partie de la quantité et de l'efficacité des mesures du gouvernement et de la Banque de Russie pour atténuer les effets de la pandémie", a-t-elle ajouté.
La Russie a annoncé des mesures de soutien aux citoyens et aux entreprises, mais celles-ci pourraient s'avérer insuffisantes. Selon des analystes d'Alfa Bank, la Russie n'a dépensé jusqu'à présent que 0,3% de son PIB, moins que dans d'autres pays.
(c) AFP