USA: Trump ordonne un plan d'aide au secteur du pétrole et du gaz
"Jamais nous ne laisserons tomber notre grande filière américaine du pétrole et du gaz", a promis le président américain dans un tweet, où il annonce que le ministre de l'Energie et le secrétaire au Trésor ont pour mission "de mettre des fonds à disposition pour que ces entreprises très importantes et les emplois soient garantis pour longtemps à l'avenir".
Avec les mesures de confinement imposées pour enrayer la propagation du Covid-19, les transports comme les usines se sont figés un peu partout dans le monde et la demande en énergie s'est effondrée. Mais la production n'a pas baissé d'autant.
Les autres contrats de WTI WTI Le West Texas Intermediate (WTI), aussi appelé Texas Light Sweet, est une variation de pétrole brut faisant office de standard dans la fixation du cours du brut et comme matière première pour les contrats à terme du pétrole auprès du Nymex (New York Mercantile Exchange), la bourse spécialisée dans l'énergie. ou de Brent BRENT Le Brent ou brut de mer du nord, est une variation de pétrole brut faisant office de référence en Europe, coté sur l'InterContinentalExchange (ICE), place boursière spécialisée dans le négoce de l'énergie. Il est devenu le premier standard international pour la fixation des prix du pétrole., coté à Londres, ont aussi perdu plus des deux tiers de leur valeur depuis le début de l'année.
Cette chute historique du prix du baril de brut américain accroît la pression sur un secteur pétrolier déjà sous haute tension aux États-Unis, la faillite guettant des centaines d'entreprises lourdement endettées.
Si les investisseurs semblent miser sur un redressement des cours dans les mois à venir, la situation est loin d'être encourageante, selon Stewart Glickman du cabinet CFRA.
"Le contrat pour livraison en avril 2021 affiche un prix de 33 dollars environ, ce qui est en-dessous du niveau de rentabilité pour de nombreuses compagnies d'exploration et production", explique-t-il à l'AFP. "Celles qui survivront sont celles qui ont les reins financiers les plus solides".
Les entreprises du secteur ont en effet largement profité des taux d'intérêt très faibles ces dernières années et de la volonté des acteurs financiers à leur prêter de l'argent pour s'endetter massivement. Ce qui a permis aux Etats-Unis de devenir le premier producteur mondial d'or noir.
Petits producteurs
Mais où trouver de l'argent actuellement pour rembourser les emprunts ?"Pour survivre, elles peuvent émettre de nouvelles actions, mais leur prix est tellement bas actuellement que cela ne vaut pas le coup", indique M. Glicksman.
"Elles peuvent émettre des obligations mais elles sont en concurrence avec tellement d'autres entreprises qu'il leur faudrait accepter un niveau absurde d'intérêt. Elles peuvent aussi emprunter auprès des banques qui prennent en garantie leurs réserves de pétrole, mais ces dernières ne valent pas grande chose actuellement", ajoute-t-il.
Les premières victimes seront probablement selon lui les tous petits producteurs, qui extraient chaque jour 10 à 15 barils. "Il y en a des milliers à travers les Etats-Unis qui au total représentent environ 8% à 10% de la production américain de brut".
"Ensuite il y aura les compagnies cotées en Bourse dont le ratio entre dette et capital est à 35% ou plus" et qui pourraient avoir du mal à rembourser les intérêts.
"Le secteur de l'exploration et de la production est tellement endetté aux Etats-Unis que les prix actuels vont probablement créer le plus grand nombre de dépôts de bilan jamais enregistré dans l'histoire moderne", avait pour sa part écrit le cabinet Rystad dans une note début avril.
Sur les 9.000 entreprises du secteur, si le baril reste à 20 dollars, environ 140 pourraient faire faillite en 2020 et près de 400 en 2021, avaient alors prédit ses experts.
Whiting Petroleum Corporation, spécialisée dans les gisements de schiste dans le Dakota du Nord et dans le Colorado (ouest), a déjà déposé le bilan fin avril. Et plusieurs grandes majors pétrolières ont drastiquement révisé à la baisse leurs dépenses.
Du côté des raffineries, qui achètent du brut pour le transformer, les bas prix ne font pas forcément les bonnes affaires, remarque Marc Amons du cabinet Wood Mackenzie.
La chute de la demande en essence et kérosène a "fait baisser fortement les marges des raffineurs et ils ont en conséquence abaissé les volumes raffinés", explique-t-il.
Les raffineries ont ainsi drastiquement abaissé leurs cadence et travaillent maintenant à 60% ou 70% de leurs capacités, là où habituellement, à l'approche des grands déplacements des vacances d'été, elles sont à plus de 90%.
Mais elles ne comptent probablement pas spécialement sur des aides du gouvernement pour s'en sortir, avance M. Amons. Comme le reste du secteur, "elles attendent surtout une reprise de la demande au fur et à mesure que les mesures de restriction vont être levées."
(c) AFP