Nouvelle chute du brut à New York, pénalisé par la Grèce
reprise de vendredi soir
New York - Les prix du pétrole ont de nouveau chuté vendredi à New York, où le baril est tombé à son plus bas niveau en près de quatre mois, le marché s'inquiétant des répercussions de la crise grecque sur la demande d'énergie.
Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" pour livraison en juillet a terminé à 93,01 dollars, en recul de 1,94 dollar par rapport à la veille.
Il a touché en séance 91,84 dollars, son plus bas niveau depuis la fin février, et affiche une chute de plus de six dollars sur la semaine.
A Londres, sur l'IntercontinentalExchange, le baril de Brent de la mer du Nord à échéance août a perdu 81 cents à 113,21 dollars.
Les cours avaient perdu plus de quatre dollars mercredi, et étaient restés presque inchangés jeudi.
Cette incapacité du marché à rebondir jeudi "a donné une tonalité très négative" à la séance de vendredi, a estimé Matt Smith, de Summit Energy.
"Il y a peu d'intérêt à l'achat et une absence totale de confiance sur le marché", a-t-il ajouté.
Selon l'analyste, les échanges ont été dominés une nouvelle fois par l'évolution de la crise qui touche actuellement la Grèce, incapable de se financer sur les marchés financiers.
"L'inquiétude dominante, c'est qu'on aboutisse à un défaut de paiement, ou à un abandon de l'euro par la Grèce. Cela aurait des conséquences qui iraient bien au-delà du pays", a-t-il observé.
Le Premier ministre grec a nommé vendredi un nouveau gouvernement, avec pour mission de faire adopter des mesures d'austérité, contestées mais jugées indispensables par les créanciers du pays pour débloquer une deuxième vague d'aide financière à Athènes, au bord du défaut de paiement.
L'euro a cependant rebondi vendredi, soutenu par les déclarations de la chancelière allemande Angela Merkel et du président français Nicolas Sarkozy. Il sont convenus de chercher une solution rapide pour aider la Grèce, avec une participation volontaire des créanciers privés.
"Mais le marché pétrolier est plus prudent, parce que même si de nouveaux prêts sont accordés, il y a aura des répercussions sur l'économie", a estimé Andy Lipow, de Lipow Oil Associates.
"Même si le gouvernement a été remanié, quelle que soit l'issue de cette crise, il y a aura de nouvelles mesures d'austérité, qui vont affecter l'économie et la demande de produits pétroliers", a-t-il expliqué.
Pour les analystes de Barclays Capital par ailleurs, les cours sur le marché new-yorkais "sont devenus de plus en plus une manière d'exprimer une opinion sur l'économie américaine".
La plupart des statistiques économiques publiées depuis un mois aux Etats-Unis suggèrent un net ralentissement de l'activité du premier pays consommateur d'or noir.
Les statistiques du jour ont été contrastées, avec une baisse plus marquée que prévu de l'indice de confiance des consommateurs de l'Université du Michigan, mais une nette progression de l'indice composite des indicateurs économiques avancés américains.
Selon Matt Smith, les prix ont également été pénalisés par les prévisions économiques publiées par le Fonds monétaire international.
"Elles n'ont pas fait beaucoup bouger le marché, mais elles ont mis en relief les inquiétudes concernant l'activité aux Etats-Unis, plus lente que prévu", a relevé l'analyste.
Le FMI a abaissé sa prévision de croissance pour la première économie mondiale. Il ne table plus que sur 2,5% en 2011, contre 2,8% dans ses prévisions d'avril, et 3,0% dans celles de janvier.